Par
orbina dans
Journal de mission le
23 Juillet 2009 à 15:56
Quinze jours, voici quinze jours que je suis rentrée en France. Je suis rentrée épuisée et désorientée. Je nai même pas eu la force décrire jusquà aujourdhui.
Mes premiers mots sur ma terre natale : « Oh Putain ! » Quand le pilote a annoncé quil faisait beau, soit -1°C à Paris nous avons tous ri dans lavion. Quand je suis sortie sur la passerelle en chemisette jai beaucoup moins ri. Ce nétait pas très gracieux mais cétait une expression spontanée qui exprimait bien mon ressentit. Jaurai volontiers dit : « Fichtre quel froid ! » mais ce nétait pas exactement ce que je ressentais. « Oh putain ! Cétait plus juste. Ce qui était vraiment dommage cest que javais un coupe-vent mais je lavais oublié sur un siège de la salle dembarquement, dommage, je ne pouvais donc men prendre quà moi si je mourrais dhypothermie.
A larrivée à Montpellier mon taxi mattendais mais pas mes bagages. Je suis donc restée en chemisette jusquau lendemain. Juste le temps de revoir le père Noël, de lentendre me dire quil ne « maimait pas assez
» Dommage, moi je laimais tout court. Comme il me devenait impossible de rester chez lui pendant trois semaines, jai atterri chez un couple damis. Eux, ils saiment tout court, tout les deux et ils mont recueillis avec beaucoup de tendresse. Merci. Pour moccuper et que je ne perde pas la main, ils mont proposer de moccuper de Bambou, leur chien que jadore et que jai élevé au gâteau régime, qui sétait blessé aux pattes. Pansements matin et soir, un vrai régal.
Comme je ne suis pas du genre à me laisser abattre par des grèves, un coup détat, un rapatriement au Sénégal, la perte de la moitié de mes co-équipiers, la peur de ma vie, une épaule luxée, des problèmes de santé et une rupture amoureuse, jai décidé quil fallait que quelquun soit châtié pour ma souffrance et mon désarroi, jai décidé que ma carte bleue serait immolée sur lautel de la consommation. Marre de vivre de pauvreté, marre de porter des boubous mal coupés, jai fait les boutiques et trucidé mon compte épargne.
Après quelques jours, jai réunis mes forces et je suis allée chez ma mère où une surprise de taille mattendait. LAmour
mais pas le mien.
Quand je suis partie en mission il y a six mois ma mère ma demandée ce quelle allait faire sans moi, je lui ai répondu quelle allait vivre sa vie et samuser. Je ne savais pas à quel point javais raison. Le samedi suivant mon départ, elle a croisé un vieux copain de fac dans le train et depuis ils vivent le parfait amour. En une soirée je savais tout de Gérard et le lendemain jétais conviée à manger un aligot chez lui et à utiliser sa baignoire thalasso pour me détendre. User de ce genre darguments pour que jaille dans un endroit lendroit le plus reculé de France, cétait nul. Avec mon emploi du temps serré cétait impossible et en plus, comme jai passé trois jours dans mon lit chez ma mère, ce nétait pas pratique.
Finalement, je suis retournée à Montpellier pour boire un verre avec mon prof de guitare à qui jai du annoncé que non seulement je navais pas fait de progrès mais que vraisemblablement javais régressé. Jai continué à faire les boutiques et le père Noël ma dit quil ne maimait vraiment pas mais quil voulait que lon reste amis. Je crois que jai eu tellement mal de je lui ai répondu des horreurs. Pour me consoler je suis allée voir mes anciennes collègues qui ne mont pas épargnées, dabord parce quelles trouvent que jai mauvais goût depuis mon retour et en plus parce quelles trouvent que je suis vraiment « abîmée ». Elles mont même obligée à rapporter une tunique dans une boutique sous prétexte que javais lair de sortir des quartiers nord.
Après Montpellier, hier, je suis allée à Marseille
pour faire les boutiques avec une autre amie. Je my suis acheter deux pulls en cachemire parce quil parait qua trente ans il faut absolument acheter son premier cachemire. Et ce matin direction Paris.
Je vous évite le passage où je me suis énervée parce que personne de mon ONG nétait venu me chercher à la gare de Lyon et où je me suis perdue dans Paris. Je vous passe le passage où ma responsable de mission et moi avons faillit nous battre comme des chiffonnières avant la messe. Jai utilisé des méthodes de médiation que ma mère, médiatrice, mavait enseignée et le calme est revenu. Nous avons pu discuter sereinement comme des adultes. Il était temps. Je crois quils se sont enfin rendus compte que je navais pas trois ans et demi et que je ne disais pas que des conneries.
Maintenant, je suis dans le train. Je profite dune place en première que je me suis offerte pour me faire du bien et surtout parce quil ny avait plus de place en seconde. Je mise beaucoup sur le train depuis que je sais que lon peut y rencontrer lamour.
Jaime bien le train parce que lon voit de beaux paysages.
Japprécie chaque petite chose qui fait que la France est la France et que la France est belle.