• Quinze premiers jours en France

    Quinze jours, voici quinze jours que je suis rentrée en France. Je suis rentrée épuisée et désorientée. Je n’ai même pas eu la force d’écrire jusqu’à aujourd’hui. Mes premiers mots sur ma terre natale : « Oh Putain ! » Quand le pilote a annoncé qu’il faisait beau, soit -1°C à Paris nous avons tous ri dans l’avion. Quand je suis sortie sur la passerelle en chemisette j’ai beaucoup moins ri. Ce n’était pas très gracieux mais c’était une expression spontanée qui exprimait bien mon ressentit. J’aurai volontiers dit : « Fichtre quel froid ! » mais ce n’était pas exactement ce que je ressentais. « Oh putain ! C’était plus juste. Ce qui était vraiment dommage c’est que j’avais un coupe-vent mais je l’avais oublié sur un siège de la salle d’embarquement, dommage, je ne pouvais donc m’en prendre qu’à moi si je mourrais d’hypothermie. A l’arrivée à Montpellier mon taxi m’attendais mais pas mes bagages. Je suis donc restée en chemisette jusqu’au lendemain. Juste le temps de revoir le père Noël, de l’entendre me dire qu’il ne « m’aimait pas assez …» Dommage, moi je l’aimais tout court. Comme il me devenait impossible de rester chez lui pendant trois semaines, j’ai atterri chez un couple d’amis. Eux, ils s’aiment tout court, tout les deux et ils m’ont recueillis avec beaucoup de tendresse. Merci. Pour m’occuper et que je ne perde pas la main, ils m’ont proposer de m’occuper de Bambou, leur chien que j’adore et que j’ai élevé au gâteau régime, qui s’était blessé aux pattes. Pansements matin et soir, un vrai régal. Comme je ne suis pas du genre à me laisser abattre par des grèves, un coup d’état, un rapatriement au Sénégal, la perte de la moitié de mes co-équipiers, la peur de ma vie, une épaule luxée, des problèmes de santé et une rupture amoureuse, j’ai décidé qu’il fallait que quelqu’un soit châtié pour ma souffrance et mon désarroi, j’ai décidé que ma carte bleue serait immolée sur l’autel de la consommation. Marre de vivre de pauvreté, marre de porter des boubous mal coupés, j’ai fait les boutiques et trucidé mon compte épargne. Après quelques jours, j’ai réunis mes forces et je suis allée chez ma mère où une surprise de taille m’attendait. L’Amour…mais pas le mien. Quand je suis partie en mission il y a six mois ma mère m’a demandée ce qu’elle allait faire sans moi, je lui ai répondu qu’elle allait vivre sa vie et s’amuser. Je ne savais pas à quel point j’avais raison. Le samedi suivant mon départ, elle a croisé un vieux copain de fac dans le train et depuis ils vivent le parfait amour. En une soirée je savais tout de Gérard et le lendemain j’étais conviée à manger un aligot chez lui et à utiliser sa baignoire thalasso pour me détendre. User de ce genre d’arguments pour que j’aille dans un endroit l’endroit le plus reculé de France, c’était nul. Avec mon emploi du temps serré c’était impossible et en plus, comme j’ai passé trois jours dans mon lit chez ma mère, ce n’était pas pratique. Finalement, je suis retournée à Montpellier pour boire un verre avec mon prof de guitare à qui j’ai du annoncé que non seulement je n’avais pas fait de progrès mais que vraisemblablement j’avais régressé. J’ai continué à faire les boutiques et le père Noël m’a dit qu’il ne m’aimait vraiment pas mais qu’il voulait que l’on reste amis. Je crois que j’ai eu tellement mal de je lui ai répondu des horreurs. Pour me consoler je suis allée voir mes anciennes collègues qui ne m’ont pas épargnées, d’abord parce qu’elles trouvent que j’ai mauvais goût depuis mon retour et en plus parce qu’elles trouvent que je suis vraiment « abîmée ». Elles m’ont même obligée à rapporter une tunique dans une boutique sous prétexte que j’avais l’air de sortir des quartiers nord. Après Montpellier, hier, je suis allée à Marseille…pour faire les boutiques avec une autre amie. Je m’y suis acheter deux pulls en cachemire parce qu’il parait qu’a trente ans il faut absolument acheter son premier cachemire. Et ce matin direction Paris. Je vous évite le passage où je me suis énervée parce que personne de mon ONG n’était venu me chercher à la gare de Lyon et où je me suis perdue dans Paris. Je vous passe le passage où ma responsable de mission et moi avons faillit nous battre comme des chiffonnières avant la messe. J’ai utilisé des méthodes de médiation que ma mère, médiatrice, m’avait enseignée et le calme est revenu. Nous avons pu discuter sereinement comme des adultes. Il était temps. Je crois qu’ils se sont enfin rendus compte que je n’avais pas trois ans et demi et que je ne disais pas que des conneries. Maintenant, je suis dans le train. Je profite d’une place en première que je me suis offerte pour me faire du bien et surtout parce qu’il n’y avait plus de place en seconde. Je mise beaucoup sur le train depuis que je sais que l’on peut y rencontrer l’amour. J’aime bien le train parce que l’on voit de beaux paysages. J’apprécie chaque petite chose qui fait que la France est la France et que la France est belle.

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