• Retour à la vraie vie des vrais gens

    Et puis comme pour un palud, la fièvre est repartie. Après un mois en France le couperait est tombé, je ne repartirai pas en mission. Ma santé nécessite une surveillance que je ne peux pas avoir en Afrique. Je me suis révoltée, mais je n’ai pas pleuré, je ne me suis pas énervée, je me suis résignée. Demain je retourne à la vraie vie des vrais gens. Après un mois en Corse auprès des miens, je retourne à Montpellier dans mon appartement que mon locataire a eu la bonne idée de quitter la semaine dernière. Mon ancienne boite m’a proposé un poste très intéressants, du genre qu’on ne peu pas refuser, alors, je ne l’ai pas refusé. Pendant ce mois en sas de décompression, j’ai appris à vivre avec la nouvelle moi. Une petite brunette pétillante et vivante mais dont le regard s’assombrit quand arrive la nuit. J’ai appris à me méfier de moi, de mon trop plein d’émotions toujours prêt à sortir mais que je retiens parce que je ne veux pas que les autres sachent. J’ai appris que la nuit est mon pire ennemi parce qu’elle vient avec son cortège de cauchemar et de doutes. En ai-je fait suffisamment, ai-je bien fait, ne les ai-je pas abandonnés : Roberto, Marie, Ana, Hélène et les autres. Il parait qu’il faut que je l’oubli et que je passe à autre chose. Il parait aussi qu’il faut que je lâche toute la pression que je me laisse aller. Si je me laisse aller je me couche dans un trou avec mon chien et je n’en sortirai que dans dix ans. Non, je ne peux pas lâcher, il faut que je reste debout. Ce n’est pas tout de partir vivre de pauvreté avec ses frères africains et revenir fracassée, maintenant il faut assumer. Il faut assumer les cauchemars, les angoisses et les flash-back. C’est mon choix et je dois en supporter toutes les conséquences. Mes parents, mes frères et mes amis ne sont pas là pour porter ce que j’ai parfois du mal à supporter. Ils aimeraient bien pourtant, prendre un peu de ce fardeau mais je refuse. Elle a la tête dure la petite brunette. Les premiers temps j’ai cru que je ne m’en remettrai jamais, mais finalement je m’en sort plutôt bien. Demain je retourne à la vraie vie des vrais gens, avec le même appart et le même boulot, comme si de rien était. Comme si ces six mois de mission n’avaient été q’un rêve. On me demande souvent ce que j’ai appris. Je ne sais jamais quoi répondre, j’en ai tellement appris sur moi, sur les Hommes et sur Dieu, que je ne sais pas quoi répondre. Si un jour un beau brun ténébreux me pose la question je lui répondrai : « j’ai appris à dormir toute seule comme une grande, sans épaule chaleureuse pour me blottir. Mais j’ai aussi appris que c’était mieux avec. »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 24 Juillet 2009 à 12:29
    Il n'y a pas de vrais Gens
    Il y a une majorité de Gens qui vivent une Vie plutôt banale. Qui ne sortent pas des sentiers battus. Supporteras-tu longtemps d'être toi même si " banale ", si " normale " ?
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