• Foie gras dépressif

     

    Partir en mission à l'autre bout du monde ce n'est vraiment pas facile : On est déraciné, un peu effrayé et pas très fier. Pour lutter contre cela on s'invente des moyens pour ne pas succomber à une crise de valisite aigue.


    L'un des premiers moyen que j'ai trouvé c'est l'agriculture, le retour à la terre. Quand j'étais petite mon père avait un grand poulailler avec des poules de toute sorte et des canards. Malheureusement mon père avait aussi un chien de chasse et un jour son chien s'est fait un festin en mangeant tout le poulailler. A plusieurs reprise mon père a essayé d'avoir un poulailler mais comme il a toujours eu des chiens, ses poules et ses canard ne faisait pas long feu, une semaine au plus.


    Les canard qui à gardé le plus longtemps était des canards de barbarie, donc quand je vois un canard de barbarie ça me fait penser à la maison de mon enfance. Je les revois se dandiner sur la pelouse et traverser l'allée de la maison d'un pas non chaland.


    Quand le lendemain de mon arrivée j'ai vu un canard de barbarie dans la rue j'en ai, tout de suite, voulu un. Il me fallait absolument un de ces canards. Lorsque j'ai demandé aux pharmaciennes, avec qui les relations se sont normalisées, où je pouvais acheter un canard, elles m'ont regardé avec des grands yeux ronds.

    En voyant que j'insistait elles m'ont indiqué un endroit vraiment dangereux, à leur avis. Elle m'ont d'ailleurs conseillé d'y envoyer la femme de ménage, parce qu'une fauté, ne pouvait vraiment pas s'y rendre. Comme il était hors de question de confier cette tache aussi importante à Bintia notre jeune lingère, je leur ai répondu que j'irais.


    C'était il y a trois semaines, et chaque jour j'annonçais que j'irais au marché de la tannerie pour acheter du tissu et un canard. Les autres coopérants riaient bien de me voir partir tous les matins en disant que c'est aujourd'hui que j'allais chercher mon canard et de me voir revenir les mains vides.

    Lundi les responsables de l'ONG sont arrivés et bien sûr ils se sont tous gentiment moqués de moi en disant que je n'irais jamais chercher mon canard. Qu'a cela ne tienne, mardi j'ai pris mon courage à deux et je me suis enfoncé dans les entrailles du marché de la tannerie, là où aucun blanc n'a jamais mis les pieds. Dans ce dédalle de cahutes de 2m² ont peut trouver pêle-mêle, de la viande, des tissus, des fruits, des légumes, des produits de beauté de la forêt, les bassines chinoise, des ustensiles de cuisine en fer blanc et tout au fond, là où même les locaux bien nés ne viennent pas : des poules et des pintades.

    « Quoi ???? Des poules, des pintades et pas de canard ??? » J'ai barguigné, parce que dans cet endroit on ne parle même plus français, en disant que je voulait un canard. Devant l'incompréhension des vendeurs de volailles je me suis mise à imiter le canard, parce que je voulais bien être ridicule mais pas rentrer à la maison sans canard. Finalement, ils m'ont fait signe d'attendre et après une demi-heure il était là. Il était parfait, encore plus parfait que dans mes rêves : Mon canard !! Il a fallut négocier ferme autours du magret parce qu'il était hors de question que je paie le prix fort. Et enfin, je suis repartie avec mon canard sous le bras, nous avons pris un taxi collectif (Un chauffeur, 6 passagers et un canard), j'ai encore fait un kilomètre à pied et enfin je suis arrivée à la maison, triomphante, avec mon canard. Sous les yeux médusés des responsables de la mission venus vérifié que je m'intégrais bien, j'ai installé mon canard dans le poulailler de la maison et j'ai raconté mon aventure. Je l'ai appelé Doxy, à cause des boites de doxycycline que je range toute la journée.


    Maintenant, deux problèmes se posent à moi :

    -Pour faire admettre un volatile à la maison j'ai dit à mes colocataires que nous le mangerions à Noël et maintenant que j'ai trouvé la perle rare, je n'ai pas très envie de le manger.

    -Depuis deux jours, mon canard ne mange pas et malgré la porte ouverte il reste dans le poulailler. Pourtant je le fais sortir tous les matins et il rentre aussi sec. Côté engraissage j'ai tout essayé : Pain, maïs et fruits, rien ne marche.


    Ce n'est pas comme ça qu'on aura du foie gras à Noël ! En fait je crois qu'il est dépressif, il lui faudrait peut-être une canne ? Si parmi vous se trouve un éleveur de canard dans le sud ouest, merci de m'envoyer quelques conseils.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :