• Je vous salue Maryam

    A force de vivre des choses étranges, on n'est plus vraiment surpris par la vie.

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    Aujourd'hui j'ai commis un acte on ne peut plus banale, je suis allée apporté des médicaments à la maternité. Je serais allée jusqu'au bout de ma mission si je n'avais pas été arrêtée par une foule massée devant la grille de la maternité.

    <o:p> </o:p>-Qu'est qu'il ce passe ?

    -Cette femme doit accoucher et partir à l'hôpital.

    -Elle ne veut pas ?

    -Non, elle dit qu'elle n'ira pas à l'hôpital.

    -Madame, il faut que tu ailles à l'hôpital. C'est la vie de ton bébé qui est en jeu. (Elle fait non de la tête) Qui est le papa, c'est toi le papa. Il faut aller à l'hôpital ou le bébé va mourir et elle aussi. Siga labitani Donka mafoulé-mafoulé*.

    Il fait non de la tête, je me tourne vers la sage-femme.

    -C'est quoi son problème ?

    -Elle ne veut pas pousser.

    -C'est tout, elle ne veux pas pousser. Eh ! Madame, ton bébé il va sortir que tu pousses ou pas, un jour il sortira mais si tu tardes il sera mort.

    Le comptable du dispensaire est venu me voir pour me demander si la couleur des volets me plaisait. Après vérification je suis revenue auprès de la future mère qui avait rejoint la salle de travail. Il faut tout savoir faire dans la vie.

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    J'ai appelé la petite Marie à la rescousse. Au début nous avons tenté de la raisonner, nous lui avons donner du sucre et du courage mais très vite sa peur et son angoisse sont devenus ingérables. La vie de l'enfant était en jeux et sa propre vie aussi. Impossible de lui faire entendre raison. Elle ne voulait plus accoucher. Dire que nous avons pris les choses en main est un doux euphémisme. Marie lui tenait la tête en lui parlant, je lui tenais la jambe droite en lui maintenant le bassin sur la table, deux femmes présentent dans la cours au moment de l'incident la maintenait également, deux autres femmes lui appuyaient sur le ventre et l'ATS (assistante technique de soin) pratiquait, à proprement parler, l'accouchement. L'enfant était là : Quand nous pensions qu'il allait enfin sortir, elle s'est cambrée et l'enfant a fait machine arrière. Je ne pensais pas ça possible.

    (Jacqueline la femme de ménage venue en renfort) – Si tu ne te calmes pas on prend des grands ciseaux et on t'ouvre jusqu'au cul

    -Jacqueline tu te tais. Ca suffit n'en rajoute pas. (Elle lui donne une grande claque sur les fesses) Jacqueline, tu sors. Je ne veux plus te voir ici. Aissatou, maintenant tu te calmes, ton enfant va mourir. Fais nous confiance il faut vraiment que tu nous aide <o:p> </o:p>

    Nous avons misé notre dernière cartouche. « Je vous salue Marie ». Notre arme ultime. En cœur avec la petite Marie et les ATS nous nous sommes mis à prier parce que nous n'avions plus aucun espoir pour cet enfant.

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    Quand il est sortit, il était flasque et sa tête était noire. Une seconde, deux secondes, trois secondes.  « Marie, sonde d'aspiration ! » Avant que Marie n'arrive à la sonde l'ATS lui a donné une tape sur les fesses et enfin il a pleuré.

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    Je suis sortie comme une balle de la maternité : « C'est un garçon, Papa, un beau garçon. Le bébé et la maman vont bien ». Le papa m'a serré dans ses bras et nous avons explosé de joie.

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    C'est lorsque que le bébé a été lavé que j'ai constaté mon erreur. Ce n'était pas un garçon mais une fille. Je suis retournée voir le papa mais le changement ne lui faisait rien tant que l'enfant et la mère allaient bien.

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    La délivrance placentaire a encore était une épreuve de force. Elle ne voulait vraiment pas accoucher. « Elle veut tuer son bébé » disaient les ATS.

    La sage-femme est enfin arrivée pour sortir le placenta. Il était temps, elle a commencé à faire une hémorragie. J'ai vraiment cru que l'on allait la perdre. La sage-femme, ma copine la grosse truie violette qui vole les aiguilles, a eu l'intelligence de dire : « Je vous avez qu'il ne fallait pas qu'elle accouche ici, c'est une sorcière. Si elle meure c'est de votre faute ».

    C'était le jour de chance d'Aissatou, malgré son acharnement à ne pas accoucher, ça finit bien.

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    En sortant j'ai discuté un moment avec le papa et je lui ai fit promettre de l'appeler Maryam. Maryam comme Marie et moi et comme la sainte Vierge qui nous a filé un bon coup de main. C'est donc une petite Maryam Diallo qui a vu le jour ce matin.

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    *NDA : Pars à l'hôpital rapidement


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