• Jour J

    Debout 4 heure du matin, 4 heure du matin c'est tôt...

    Evidemment avec mes 90kg de bagage, l'hôtesse d'enregistrement n'était pas très contente. Je lui ai expliqué que j'avais un billet avec des conditions particulières et que j'avais droit à 3 bagages de 32kg. Un peu revêche (normale, il n'était que 6h15) elle a appelé sont chef. Son chef a dit la même chose en rajoutant qu'il n'y avait que Monsieur Spinetta (PDG d'Air France) qui pouvait donner ce genre de dérogation. J'ai rajouté que je partais pour une ONG et que je transportais du matériel médical pour un dispensaire. Pas moyen de les faire bouger. Finalement à force d'insistance l'hôtesse, enervée, m'a tendu mon billet en me disant : « lisez vous-même, vous n'avez droit qu'à 20kg ».

    J'ai pris mon billet en me disant qu'il fallait qu'un miracle se produise, et là, en toute lettre j'ai lu : « DEROG EXCESS BAG 3 PCES 32KGS ». Quand je leur ai rendu mon billet, triomphante, en leur montrant la phrase magique, ils sont soudainement devenus très sympas et mon positionné pour un sur classement en classe affaire.

    Nous n'avons même pas parlé de la guitare et je l'ai prise en cabine.

    A l'arrivée à Orly, il s'est passé un phénomène très étrange. Nous sommes tous restés coincés dans la passerelle de transfert. Dans le no men land entre l'avion et le terminal. Au bout de 25min, comme nous avons commencé à nous énerver, le petit homme chauve à dit au talkie-walkie : « C'est Eric, ça fait cinq fois que j'appelle le PC et rien ne se passe ; les passagers de l'avion de Bastia qui avait du retard sont bloqués dans la passerelle. »

    « Silence »

    «Allo, j'ai 150 corses énervés dans une passerelle et ils menacent de descendre sur le tarmac. Si vous ne faites rien je les lâche ! »

    Grâce aux lois anti-terrorisme, sans doute, nous avons été relâchée dans la minute qui a suivit.

    Comme dans le film avec Tom Hanks, je me suis demandée si l'indépendance de la Corse n'avait pas été prononcée pendant notre vol et que nous allions devoir errer dans l'aéroport comme des apatrides.

    Bien sûr, je devais aller voir mon cousin à Paris, mais ça n'a pas été possible parce que je devais changer d'aéroport et que lorsque l'on change d'aéroport la correspondance des bagages ne se fait pas.

    Je me suis donc retrouvée avec mes 90kg sur les bras. Ce qui était bien c'est que pendant que nous attendions dans la passerelle nos bagages s'offraient des tours de manège sur le tapis à bagage. C'était tellement bien qu'un couple n'a pas retrouvé sa valise Vuitton. Elle devait  avoir marre de tournée en rond sans surveillance.

    Mon père m'a toujours dit : « En voyage il faut pouvoir porter ses valises tout seul et pouvoir courir après un avion ». Lorsque j'ai dit ça à mon chef de mission il m'a dit : « Tu seras à Paris, voyons, c'est pas l'Afrique ! Il y aura des chariots à bagages, des bus et du personnel pour t'aider. »

    J'ai trouvé le bus pour faire le trajet entre Orly et CDG et même un jeune homme pour m'aider à mettre mes valises dans le bus. Mais arrivé à CDG à cause d'une alerte à la bombe le bus nous a déposé à 150m de l'arrêt, du jeune homme qui nous devait aider à descendre les bagages et des chariots.

    150m avec 90kg sur le dos, c'est long ...

    Afin munie d'un chariot j'ai attendu l'ascenseur pour monté au hall E2.L'ascenseur habituel étant dans la zone sous alerte à la bombe j'ai voulu prendre un autre ascenseur sur le côté. Quand l'ascenseur est arrivé il y avait à l'intérieur une chinoise septuagénaire qui prenait tout l'ascenseur avec ses valises. Visiblement elle n'était pas au bon étage, elle est donc montée d'un étage. Puis la chinoise est réapparu.

    -         Pas bon étage !

    Puis elle a à nouveau disparue. Puis réapparu

    -         E2... Départ ?... pas bon étage !

     Disparue et enfin réapparue.

     -E2...Départ...L'ascenseur va au toilette... Où est E2, départ ?

    C'est vrai, Paris c'est pas l'Afrique, à Paris il y a des ascenseurs qui ne vont qu'aux toilettes situés un étage plus haut et des pauvres grand-mères chinoises qui jouent les David Copperfield.

    Comme nous allions au même endroit j'ai pris la grand-mère sous le bras et nous avons cherché un autre ascenseur qui aille autre part qu'aux toilettes.

    Enfin arrivé dans le hall E2, nous avons été abordé par un Guinéen qui cherchait lui aussi son chemin. Nous l'avons embarqué dans notre sillage à la recherche d'informations.

    Au moment de nous quitter la grand-mère m'a chaleureusement remerciée et m'a souhaité bonne chance. De la chance il m'en fallait, d'ailleurs j'aurais bien pris un peu de courage aussi.

    Je suis repartie pour le deuxième enregistrement  de la journée. Pareil que pour le premier sauf qu'elle ne voulait pas entendre parler de la guitare. Elle a donc appelé son chef. J'ai dit la larme à l'œil que je prenais ma guitare pour chanter des chansons aux pauvres orphelins et comme je n'aurai ni eau, ni électricité elle constituait mon seul réconfort.

    La larme paie toujours....J'ai pu garder ma guitare.

    NB : Les talons aiguilles pour voyager, c'est pas le top.

    Enfin, je suis allée à l'embarquement où j'ai découvert que j'étais surclassée en classe affaire, grâce à mon billet magique et à l'hôtesse mal réveillée de l'aéroport de Bastia.

    En classe affaire j'ai bu du champagne, mangé du foie gras et des macarons à la framboise jusqu'à la nausée. Il me fallait encore un peu de courage. Les hôtesses l'ont bien sentit t ont étaient aux petits soins avec moi.

    Il faut dire que des volontaires qui partent vivre de pauvreté avec les frères africains et qui se gavent de macarons en classe affaire, elle ne doivent pas en voir souvent.

    Lorsque les roues de l'appareil ce sont posées sur mon nouveau pays des larmes ont roulées sur mes joues. Je ne sais pas si je n'avais pas pris assez de courage ou si j'avais pris trop de champagne mais j'ai eu envie de rentrer chez moi auprès des miens.

    Lorsque le douanier à confisqué mon passeport pour me soutirer mon premier bakchich  j'ai franchement eu envie de prendre l'avion dans l'autre sens.

    Garder contenance, ne pas s'écrouler en larme au milieu du hall d'arrivée...

    Finalement j'ai pris mes bagages, me suis installée derrière le box du douanier et j'ai dit à qui voulait bien l'entendre que je resterais là jusqu'à la fermeture de l'aéroport et que si je n'avais toujours pas mon passeport j'irai ensuite me plaindre à l'ambassade de France.

    C'est l'étiquette du dispensaire collé sur ma valise qui m'a sauvée...Dieu merci.

    Une fois juchée sur mes bagages à l'arrière du pick-up du dispensaire, j'ai oublié le champagne, les macarons à la framboise et mon manque de courage. Instantanément j'ai aimé mon nouveau pays. Instantanément je m'y suis trouvée bien...


  • Commentaires

    1
    NADEGE CHRISTIE
    Vendredi 31 Octobre 2008 à 15:22
    TaM
    un grand bonjour, à toi Thérèse. C'est avec beaucoup d'intérêt que christie et moi avons lu ton Blog. Et oui que d'aventures, et comme tu le décrit chaque jour et différent. Eh bien nous de notre c^té c'est effectivement beaucoup plus calme. Je te souhaite de tout coeur que tu trouves en toi les ressources nécessaires pour continuer à porter tes Talons§§§§§§ car Blanche Neige en Afrique ne peut être sans chaussures et sans rubans!!!!! Blague à part, nous sommes avec toi, et continue comme ça. Vive la Corse qui fait de toi aussi une jeune femme ayant du caractère et du courage.....Nadège. Je t'embrasse.
    2
    Dimanche 9 Novembre 2008 à 17:19
    Tam (le retour)
    Je n'ai sorti mes chaussures à talon que pour un diner chez le nonce apostolique. Quant aux rubans, je les ai tous oublié en Corse. Pouvez vous m'en faire passer par Gilles (voir avec Sylvie) Grand merci et bon courage pour la justif.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :