• Un pays très hostile

     

    Quel manque d'intégration me direz vous mais c'est un compliment dans leur bouche, tu devrais en être fière, c'est culturel,....


    On peut dire ce qu'on veut, on peut être la fille à mieux intégrer du monde, quand on est occidentale, se faire appeler Marie-les-grosse-fesses, ce n'est pas sympa !


    Tout à commencé très simplement, un matin au dispensaire une sage femme me dit : « Bonjour boulboule ! ». Elle ne s'est pas regardée, la grosse truie !

    Boulboule c'est une manière affectueuse d'appeler les filles un peu rondes. Il y a les flekéfleké qui ont la peau sur les os, les bambalanis, les bien bâtis et enfin les boulboule.

    Quelques jours plus tard en parlant de moi notre lingère engage avec ma colocataire la conversation suivante :

    - Elle n'est pas là l'autre ? 

    -Qui ça l'autre ?

    -L'autre, la grosse !

    Si ça n'avait tenu qu'a moi, je l'aurai licenciée sur le champ. 8 ans de régime pour se faire appeler la grosse, non merci. En plus, c'est totalement injustifié parce que je fais du 42.


    Après Marie-Foté (Marie-la blanche), depuis trois jours les filles du dispensaire m'appellent : Marie-Bimbili (Marie-les-grosses-fesses), en plus, elle ajoutent toujours le geste à la parole et ça m'irrite particulièrement. C'est vraiment des sauvages.

    Mais je crois que je m'en serai volontiers tenue là mais depuis hier elles m'appellent Marie-Guerzé. Les guerzés font partit d'une ethnie de la forêt. Etre guerzé, ce n'est pas très flatteur quand on est une jeune fille bien née. En fait, elles m'appellent comme ça parce que depuis que j'ai repris les stocks, je n'arrête pas de déménager du matériel et des cartons et comme il y a beaucoup de poussière, j'ai toujours le visage terreux en fin de journée.


    Le dernier sobriquet en date est Marie-assainissement. Même si ce n'est pas très joli, je l'accepte volontiers parce que ça prouve que le message est bien passé. Et pourtant, elles ne savent pas encore que j'ai était nommée responsable du groupe hygiène. D'ailleurs pour ceux qui s'inquiètent de mes relations avec les pharmaciennes, sachez qu'elles sont au beau fixe. Elles font le ménage tous les soirs et en plus c'est devenu contagieux. Elles avouent même, bien volontiers, qu'il est plus agréable de travailler dans un endroit propre et bien rangé.


    Bien sûr qu'un pays où on vous fait remarquer que la nature vous a faite fessue est un pays hostile. Mais avant tout, je crois que tous mes sobriquets sont la marque d'une attention particulière et d'une adoption par l'ensemble du personnel. Bon je préfèrerais qu'elles admirent mon intelligence mais elles saluent ma simplicité, c'est déjà bien.


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