• Zen attitude

    Une journée qui commence par une urgence pendant la louange est une mauvaise journée mais une journée qui commence par deux urgences pendant la louange n'est pas forcement une mauvaise journée.

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    Ce matin il fallait sortir les fauteuils du pick-up, comme d'habitude j'ai fait appelle aux gardiens.

    -Tu peux sortir les fauteuils du pick-up s'il te plait ?

    -...

    -Maintenant, avant que l'on se les fasse voler.

    -Ils sont pour nous les fauteuils ?

    -Non, ils sont pour la maternité pour que les mamans puissent allaiter.

    -Alors, je ne les sors pas.

    -Tu rigoles !!

    -Non, si tu ne me donnes pas les fauteuils, je ne les sors pas.

    -Je crois que tu n'as pas bien compris, je ne te demandes pas ton avis...c'est un ordre.

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    Dix minutes après, la première urgence. Ana n'était pas là et l'interne non plus. Marie m'a regardée interrogative.

    -C'est quoi ?

    -Je ne sais pas, un palud.

    -Bon, on l'envoie à l'hôpital alors ?

    -Mets lui un peu de Quinine, ça ne fera pas de mal.

    Le temps de mouiller le pagne de la petite fille pour faire baisser la température et Abdoulaye un de nos gardiens a déboulé dans la sale

    -Ma femme est à la maternité, il faut que tu viennes d'urgence.

    -J'arrive

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    J'ai traversé le dispensaire en courant tout en répondant au téléphone, mon père voulait savoir comment j'allais. « J'ai deux urgence sur les bras, je ne peux pas te parler. Je te rappelle »

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    La femme d'Abdoulaye était couchée dans la salle de repos, sereine. J'ai compris que ce n'était pas elle qui n'allait pas bien mais la crevette née dans la nuit. Prématurée de 7 mois, 39 cm pour 1,650Kg. Elle était sous oxygène et la sage femme attendait un ordre pour la référée à l'hôpital.

    -Il faut la référée ?

    -Je ne sais pas, ce n'est pas moi la sage femme, c'est toi. Moi je suis juste responsable de la pharmacie.

    -C'est toi la responsable, c'est toi qui doit prendre la décision.

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    Je prends des décisions d'ordre médical presque tous les jours à la pharmacie pour des patients inconnus. Je remplace de  la chloroquine par du fansidar, j'accepte et je refuse les patients de notre programme d'épileptique, je décide du degrés d'urgence pour justifier l'octroie d'un médicament cher. Mais là c'était un bébé, c'était le bébé d'Abdoulaye.

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    -Si on lui retire l'oxygène il mourra ?

    -Je ne sais pas.

    -On peut le transporter avec l'oxygène jusqu'à l'hôpital ?

    -Non parce que s'il y a une autre urgence l'autre bébé mourra. On fait quoi ?

    -Laisse moi cinq minutes que je réfléchisse.

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    Il fallait que je réfléchisse, pour ne pas montrer que je panique souvent je fais le tour du dispensaire, ça m'aide. Au coin du bâtiment, je suis tombée sur Florence l'épouse de l'adjoint de la sécurité de l'ambassade de France. Elle est sage femme et vient nous aider bénévolement tous les mardi. Je lui ai demandé d'examiner le bébé pendant que je préparais le dossier de prise en charge avec le service nutrition, parce qu'en cas de prématurité « Terre des hommes »  (TDH) prend en charge gratuitement les frais d'hôpitaux de ces enfants.

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    -Dalassou, il vient ce papier ?

    -C'est Jalla qui le remplit.

    -Jalla, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

    -Il faut qu'Awa mette le tampon, le tampon est dans le tiroir et c'est Delphine qui a la clé.

    -Et ben !!! J'espère que ce n'est pas une question de vie ou de mort parce que dans le cas contraire l'enfant doit déjà refroidir.

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    Vingt minutes plus tard, Florence m'a confirmée que l'enfant pouvait supporter le transport sans assistance respiratoire. Awa est enfin arrivée avec l'argent pour le taxi. Comme je n'ai pas eu le cœur de mettre la jeune mère et le prématuré dans un taxi collectif, je les ai fais accompagner par un gardien dans notre voiture.

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    L'enfant et la mère on été accepté dans le service de néonatologie et les frais seront payés par « TDH », une bonne nouvelle.

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    Après ça, j'ai enfin pu commencer à travailler. J'ai appelé le Dr Dougo pour lui dire que j'aimerai que nous décalions notre rendez-vous de 12h à 15h. « Pas de problème, je vous attends ».

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    Quand je suis arrivée dans le centre de santé du Dr Dougo son collègue m'a demandé ce que je faisais là. Je lui ai répondu que j'avais rendez-vous et que j'allais récupérer mes vaccins.

    -Dr Dougo est à la supervision régionale.

    -Jusqu'à quelle heure ?

    -Il ne reviendra pas aujourd'hui. Je ne comprends pas pourquoi il vous a donné rendez-vous.

    -Moi non plus.

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    -Allo Dr Dougo. Je suis au rendez-vous.

    -Je suis absent, je suis à la supervision régionale.

    -J'avais remarqué, comment fait on ?

    -Je règle tout avec Camara et je vous appelle demain.

    -Très bien, à demain.

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    Vous avez remarqué, je ne suis pas trop énervée dans le gardien à refuser de bosser, j'ai fait de l'humour quand le personnel de la nutrition a mis des plombes pour référé une urgence et je n'ai même pas crié quand Dougo m'a posé son deuxième lapin.

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    Mon seul mouvement d'humeur a été contre notre vendeur de gants qui nous a revendu des gants volés au stock d'UNICEF. Le comptable m'a bien expliqué que je n'avais aucun moyen de le prouver et qu'il ne fallait pas que je m'énerve. Pourtant, je sais bien qu'ils appartiennent au stock d'UNICEF puisque le mois dernier l'UNICEF ne m'a pas donné toute ma dotation sous prétexte qu'il n'y avait plus de gants. J'ai eu beau expliquer à notre comptable que j'étais énervée parce qu'en achetant ces gants nous alimentions le système et qu'il était hors de question de faire du recèle, il ne comprenait pas.

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    Finalement, je ne suis pas totalement irrécupérable mais je suis plus pessimiste pour le pays.

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