• Mohamed Lamine, c'est mon copain de messe. Il vit dans un village de la forêt avec ses parents mais le mois dernier il a eu une méningite. Sa mère l'a confié à son oncle qui est le sacristain de St André.

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    Depuis la semaine dernière il a des vers et il tousse donc j'ai proposé à son oncle, Jo,  de me l'apporter au dispensaire pour qu'il puisse être consulté par un médecin.

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    Ce matin, alors que j'étais à la pharmacie j'ai vu sa petite frimousse toute timide. Comme d'habitude, il m'a pris la main et il m'a suivit sans rien dire.

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    Au début, tout c'est bien passé, il s'est mit dans un coin de la pharmacie et n'a rien dit. Je lui ai donné une feuille et un feutre pour qu'il dessine et de temps en temps il m'accompagnait quand je partais dans une salle de stock à l'autre bout du dispensaire. Quand je croisais quelqu'un la blague était inévitable.

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    -Marie, tu as eu un enfant dans la nuit ? C'est ton bébé ?

    -Oui, il me ressemble non ?

    -AH oui, beaucoup.

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    En passant devant Delphine qui préparait la pause repas il m'a montré les marmites. J'allais découvrir que c'était un ventre sur pattes. Nous avons mangé une assiette de manioc à la pause, nous avons acheté un coca, du bissap (Thé d'hibiscus très sucré) à la sortie du dispensaire et des morceaux de kania (Biscuit à base d'huile et de pâte d'arachide avec du sucre). Il voulait aussi des beignets mais j'ai refusé. Da retour à la pharmacie nous avons croisé Mah qui à repris l'invariable blague et invariablement j'ai répondu que bien entendu, il était mon enfant. Instantanément il a commencé à se rouler par terre en pleurant. Il a pleuré pendant plus d'une demi heure. Rien n'y faisait. Et finalement j'ai enfin compris. Ici les enfants sont donnés, prêtés ou échangés à toutes sortes de tantes en mal d'enfant. Quand une femme à besoin de materner, elle prend un enfant de la famille quelque soit son âge. En occident on dit que c'est la grande famille africaine et que les enfants sont élevés par toute la famille. On trouve ça formidable.  Après avoir rencontré un certain nombre de ces enfants je peux vous garantir qu'une maman, c'est une maman et que même adulte ces enfants élevés par des tantes en restent marqués.

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    Cet enfant là, Mohamed, a tout simplement cru que j'allais le retirer à son oncle et à sa mère. Je suis allée chercher un jouet offert par les marines et je lui ai dit qu'après le dispensaire nous allions retourner chez Jo et qu'après sa maman viendrait le chercher. Il a pris les cow-boys et les indiens et il s'est remis à jouer tranquillement dans la pharmacie. Même les pharmaciennes ne savaient pas qui étaient les cow-boys et les indiens et encore moi pourquoi ils avaient des fusils et des arcs mais ça a détendu l'atmosphère. En plus elles ont découvert qu'il était de la même ethnie qu'elles, alors là ça a été la fête.

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    Avant de ramener Mohamed chez lui je voulais passer chez moi. Au passage nous avons manger du chocolat, du pain et de la vache qui rit. En allant prendre le taxi nous avons acheté des bananes et des oranges. Alors que nous attendions un taxi, les femmes de « la concession de la descente » nous ont invités à manger du riz gras. Il ne s'est pas laisser démonter et il a avalé son assiette comme un mort de faim. Un ventre sur pâte je vous dit. Il ne parle pas mais il mange.

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    Dans le taxi, il s'est endormi dans mes bras. J'ai repensé à ce que disait Ana.

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    - Tu n'as pas peur d'attraper la teigne.

    -Si j'avais peur d'attraper la teigne ou la gale, je ne serais pas ici.

    -Mais quand même...

    -Le jour où j'aurai peur d'attraper la teigne parce qu'un enfant dort dans mes bras ou d'attraper la gale parce que je sers les mains des prisonniers alors je rentrerai chez moi bosser dans un bureau aseptisé.

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    En arrivant devant St André, Mohamed a été définitivement rassuré. Il a sauté dans les bras de son oncle et puis est revenu me prendre la main. Après la messe, nous nous sommes séparé, je pense qu'il ne va pas tarder à rentrer chez sa mère. J'espère, qu'il va rentrer chez sa mère.


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  • Je ne sais plus si je vous ai dit que nous avons changé de paroisse. Enfin, j'ai changé de paroisse. J'adore cette paroisse et plus j'y vais plus je l'aime, mes commissionnaires elles la déteste et plus elles y vont plus elles la déteste.

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    Le père Roberto est en charge des deux églises de sa paroisse. Jusqu'à maintenant il disait la messe à St Cyprien et Paul, son vicaire, disait la messe à St André. Comme Paul trouvait St André un peu trop pourrit pour lui, il a demandé à faire un échange pour quelque temps. C'est donc pour suivre le Padre que j'ai débarqué pour la première fois à St André.

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    Pour y aller, il faut tourner à gauche après le marché, entrer dans le bidonville des ferrailleurs et des « vulcanistes » (Les ferronniers), passer dans un boyau de bauxite pour arriver sur la voie ferrée, traverser les rails, remonter en marchant sur le tas d'ordures, contourner un bâtiment en ruine et sourire au vieux qui vend des bonbons.

    St André est une petite église sans prétention construite avec le détournement de l'argent de l'OCPH. Les gens y sont pauvres et gentils. St Cyprien, c'est la haute, les gens nous parlent avec déférence parce que nous sommes blancs mais nous regardent aussi de haut parce que nous roulons dans une vieille voiture. Les couleurs les plus vives, les basins les plus chers, les talons les plus haut, c'est le lieu où l'on se montre. On nous présente comme les coopérant du dispensaire, ceux qui sont venus pour aider les pauvres, on est fière d'avoir des gens tels que nous dans son carnet d'adresse. A St André, je crois que les gens ne savent même pas ni ce que je fais, ni d'où je viens. Ils sont contents d'avoir une personne de plus dans la paroisse. La plupart du temps nous ne sommes que quatre ou cinq à la messe et on monte les chaises en plastique autours de l'autel.

    Parce que la principale caractéristique de cette église c'est qu'elle n'a pas l'électricité donc pas qu'elle n'est pas sonorisée. Pendant toute la messe les ferrailleurs continuent à taper sur les voitures en cours de désossages, les trains de bauxites passent en klaxonnant et les enfants jouent au foot sur le terrain vague voisin. Pour que nous puissions comprendre l'homélie, le Padre descend à notre niveau ou nous montons dans le cœur.

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    Le jeudi, le jour de notre bière hebdomadaire, il y a catéchisme. Les enfants se battent pour s'assoire à côté de moi et pendant toute la messe je fais le gendarme. Quand ils s'endorment pendant la messe, ce n'ai pas grave mais quand ils se battent, j'intervient. Y en a toujours un qui a envie de faire pipi et qui part derrière l'église. Comme ça donne des idées aux autres, ils finissent tous derrière l'église.

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    Pendant le reste de la semaine il n'y a qu'un enfant, je crois qu'il vit dans le coin. Il me prend la main quand j'arrive, il s'assied à côté de moi, pose sa tête sur mes genoux et s'endort, Je n'ai jamais entendu le son de sa voix. Après la messe je le porte jusque chez son oncle et je le mets au lit.

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    Je suis vraiment contente d'avoir changé de paroisse et d'avoir trouvé ce coin de bidonville où les enfants dorment dans les bras des inconnus.

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  • C‘est un fait prouvé par les plus grands chercheurs : Notre équipe à la guigne. La guigne, la pouasse, le mauvais œil, la merda, ...

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    Ce matin notre bien aimé directeur devait enfin se faire opérer à cause de ses coliques néphrétiques. Ca fait un mois que l'on attend qu'il pisse son caillou et monsieur se fait attendre. Aujourd'hui enfin notre calvaire devait prendre fin et son calcaire la poudre d'escampette.

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    Et bien non !!!!! Le chirurgien qui devait l'opéré était bloqué en Afrique parce qu'il avait raté son avion. Son opération est repoussée à vendredi.

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    Mais vendredi je ne sais pas, il pourrait y avoir un tremblement de terre à Bruxelles mieux, un tsunami. 


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  • Les chiens ne font pas des chats et c'est, j'en suis convaincue, parce que mes parents sont un peu hors normes que je fais des choses hors normes.

    Pour ceux qui s'inquièteraient d'entendre un jour leur fille adorée dire qu'elle veut partir « vivre de pauvreté avec ses frères africains » ne vous inquiétez pas, c'est le fruit d'une longue éducation, passionnante, mais hors normes.

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    Pour illustrée mon propos voici l'histoire des anges et de la colombe de Noël.

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    Pour m'envoyer mon cadeau de Noël ma mère a eu la bonne idée de passer par la valise diplomatique. C'est le moyen le plus sûr de nous faire parvenir notre courrier mais le courrier passe par le médecin de l'ambassade, il faut donc mettre son nom sur l'enveloppe.

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    -Allo ma chérie, ça y est j'ai envoyé ton cadeau de Noël, il est partit au courrier tout a l'heure.

    -Merci, maman, tu as bien pensé à mettre le nom du médecin ?

    -Heu, non. Mais j'ai mis ton nom au dos.

    -Ah... Tu sais que c'est une adresse qui sert pour tout le courrier du quai d'Orsay, si tu ne mets pas de destinataire, il ne risque pas d'arriver ton colis.

    -Ah bon, tu crois que je peux aller le récupérer à La poste ?

    -Essais toujours mais je crois qu'il est bel est bien perdu mon cadeau.

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    Mi-janvier je me suis enquis de mon cadeau.

    -Tu as pu le récupérer à La poste ?

    -Non, mais ne t'inquiète pas, je l'ai confié aux anges.

    -Aux anges ???? Si tu l'as confié aux anges, pas de problème...ma pauvre maman tu crois vraiment que les anges vont aller chercher ma lettre au beau milieu des courriers sans destinataire des affaires étrangère pour me l'apporter au fin fond de l'Afrique ?

    -Tu te moques de moi, mais je t'assure que tu vas la recevoir.

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    J'ignorais que les anges faisaient aussi ce genre de service mais plus rien ne m'étonne dans ce bas monde.

    Le temps passa et je du me rendre à l'évidence, mon cadeau de Noël était définitivement perdu. Mais ce matin j'ai vu arrivé au dispensaire un membre de la sécurité de l'ambassade. J'ai commencé par me demander « qu'est-ce qui va encore nous tomber sur la tête ? »

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    Il m'a demandé mon nom et m'a tendu une enveloppe qui visiblement avait beaucoup voyagée. Je l'ai reconnue tout de suite, l'enveloppe des anges. A l'intérieur il y avait une colombe, c'est normal que les anges en aient pris tant soin.

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    Finalement, on a tord de ne pas faire confiance aux anges. Aujourd'hui j'avais besoin de soutien et ils m'ont apporté des ails pour soulager mon fardeau.

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  • A midi j'ai convoqué l'un des agents de santé avec lequel je travail. C'est un tire au flan et je suis obligée de le poursuivre toute la journée pour qu'il travail. Quand je dis poursuivre, ce n'est pas une image. Je le cherche dans tous les recoins du dispensaire, je débusque ses cachettes et je le renvois au boulot. Quand j'en ai marre, je préviens n'importe quel membre du personnel que s'il n'est pas là dans moins de cinq minutes, je serai vraiment en colère. En général, il déboule en moins d'une minute.  Il m'est même arrivé de me mettre au milieu de la cour et de beugler son nom comme un veau sans sa mère. J'ai tout essayé, la responsabilisation, la gentillesse, la menace, rien y fait.

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    Aujourd'hui, la conversation était musclée et ne manquait pas d'intérêt.

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    -Je peux savoir où tu étais depuis 1h30

    -Je suis partit manger quelque chose parce que je n'aimais pas ce que Delphine avait préparé.

    Les employés du dispensaire n'ont que vingt minutes de pause mais ils sont nourris sur place

    -Que tu aimes ou pas ce que Delphine prépare, tu as vingt minutes pour manger, pas 1h30

    -Mais quand même, je suis fatiguée.

    -Tu me dis, à moi, que tu es fatigué. Je crois que tu te trompe t'interlocuteur. Je crois que tu ne sais pas combien je travail et combien j'ai mal en ce moment (Je me suis un peu emportée)

    -Mais tu ne me comprends pas, personne ne me comprend sauf Frédéric.

    -Ca fait dix ans que Fred est partit et en deux ans de mission il t'a collé deux avertissements pour alcoolisme et absence injustifiée. Et aujourd'hui, je te fais les mêmes reproches, tu as d'ailleurs 9 avertissements pour les mêmes motifs.

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    Jusque là, je n'était pas surprise par la conversation. Voici un employé très sympas mais qui est un bon à rien, seulement comme il est très sympas personne n'ose le licencier. Les avertissements s'accumulent et personne ne passe à l'acte. Ce sera difficile de mettre deux avertissements supplémentaires sans le licencier, mais je n'en ai vraiment pas envie.

    La seule chose pour laquelle il n'est pas été pris c'est la fraude, pourtant, de l'avis de tous c'est un grand fraudeur. C'est là que la conversation est devenue intéressante.

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    -J'ai besoin de toi à la pharmacie, tu es payé pour ça et quand j'ai besoin de toi j'entend que tu soit à la pharmacie.

    -Pourtant quand je suis fatiguée, je paye Dala pour qu'il prenne ma place.

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    A cet instant précis, je crois que mes yeux sont sortis de leurs orbites. Les deux fondements du travail au dispensaire sont la solidarité et l'honnêteté.

    La solidarité, ça veut dire que lorsqu'un employé à finit sa journée, il doit aller aider ceux qui ne l'ont pas finit. Par exemple quand les consultations sont finit tout le monde doit aller aider la pharmacie qui sont ceux qui finissent le plus tard. Donc dans aucun cas, je ne dis bien aucun cas, quelqu'un ne reçoit de prime pour aller aider ses collègues.Ca fait parti de leur boulot.

    L'honnêteté, ça veut dire que l'on de paye pas un collègue pour faire son travail à sa place, parce que l'on est parti se saouler au bistrot du coin.

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    J'ai dût faire une telle tête qu'il s'est immédiatement justifié. J'ai mis fin à l'entretien parce que le Dala, en question je voulais le prendre comme assistant à son retour de vacances. Je croyais qu'il était honnête. Je me suis trompée, c'est une bonne chose que je l'ai découvert plus tôt que tard.

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    Ce soir une nouvelle question me vient. Comme un simple agent de santé peut-il se payé de l'alcool et un sous-traitant ? Je crois que la réponse est trop simple : Il magouille.

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