• Hier soir ; je n'avais pas le moral. Mon grand oncle est mort et ma mère m'a dit que je lui manquais. Je suis allée me coucher sans manger et j'ai pleuré. J'ai pleuré parce que ma famille me manque, parce que je me sens inutile, parce que ce pays ne fait pas de cadeaux aux petites blanches venues rendre service. J'ai pleuré tout simplement parce que c'est dur...

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    Mais ce matin il a bien fallut aller travailler. La commande qui est arrivée la semaine dernière n'est pas suffisante et il me faut préparer la commande suivante. Les prix des médicaments avaient déjà augmenté cette année de manière dramatique et nous avons reçu un mail nous annonçant qu'à cause de la crise les prix avaient encore étaient modifiés. 15% d'augmentation, une véritable catastrophe pour nous. La crise touche tout le monde mais particulièrement les plus pauvres. Nous devons faire des choix, ça créé des tensions dans l'équipe. Nous ne nous sentons pas à la hauteur de la tache qui nous ait confiée. C'est le découragement général.

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    C'est dans cette ambiance qu'Awa est venue me dire que mon mari m'attendait sous le préau. «Mon mari ? Aurais-je eu une absence ? » A ma tête, elle s'est sentie obligée de préciser que le prisonnier était là avec son frère.

    Il n'avait pas vraiment l'air en au mieux de sa forme mais il avait vraiment l'air beaucoup mieux que la semaine dernière. J'étais très contente de le voir. Ma joie était double parce que hier c'était Tabaski ; le Noël des musulmans en quelque sorte. De savoir qu'au moins un prisonnier que j'ai visité dans la prison centrale avait passé Tabaski en famille, ça m'a réchauffé le cœur. Il n'est pas tiré d'affaire, nous avons dû le référer à l'hôpital mais je suis confiante parce que son frère semble bien s'occuper de lui.

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    Quelques minutes plus tard, c'est Fanta qui a pointé le bout de son nez. Elle était accompagnée, comme toujours de son papa qui la serrait dans ses bras. La plaie s'était de nouveau infectée, elle non plus elle n'est pas tirée d'affaire mais elle à repris du poids. Elle a maintenant de bonnes joues. De bonne joue, tout est relatif, mais dans son cas c'était inespéré.

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    Depuis quelques jours à force de dépasser mes limites je pense que j'avais commencé à me blinder à être blasée. J'acceptais la fatalité parce que de toute façon on a pas le choix. Non seulement je l'acceptais mais en plus je la justifiais.

    Les pleurs d'hier et la journée d'aujourd'hui m'ont rendus mon humanité. Je ne sauverai pas l'Afrique, je ne sauverai peut-être même pas un seul enfant mais ce n'est pas pour cela que je ne souffre pas quand je refuse à manger aux prisonniers ou que je fais des coupent sombres dans les médicaments.


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    Aujourd'hui une nouvelle coopérante est arrivée de France, là-bas où il fait froid. Pour me faire plaisir elle avait volé un macaron rose dans l'avion et l'avait mis dans un sac vomitoire pour me l'offrir. Et bien je peux vous dire que même tout écrasé dans un sac vomitoire, un macaron rose c'est extraordinaire.


    En un instant je me suis retrouvé à deux pas de la comédie chez Ortolan avec mes collègues de bureau. Ah !! Quel bonheur !!!! Deux ans c'est long....


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    Je m'y étais engagée, je l'ai fait : Le costume de saint Nicolas.


    Mercredi j'étais allée cherche un chasuble rouge du père Roberto pour l'essentiel du costume. J'ai eu un peu honte de lui demander mais il m'a répondu que c'était un cadeau d'une paroissienne et qu'il était hors de question qu'il la porte parce qu'il la trouvait horrible. « Bon dans ce cas ».


    J'ai fait la mitre dans du carton et pour la barbe j'ai cousu du coton sur une compresse. Il a fallut que je me dépêche parce que c'était samedi et que le samedi j'ai prison.

    Heureusement à la pison nous n'avons pas eu beaucoup de boulot. Les plus mal en point avaient disparus. Nous espérons que c'est une grâce présidentielle parce que le régisseur à nier les propos du prisonnier que j'ai vu au dispensaire en milieu de semaine. Si ce n'est pas une grâce présidentielle, c'est qu'ils sont morts et ça ce n'ai pas vraiment envisageable. Ce sont des barbares mais je ne les vois quand même pas tuer de sens froid les plus malades.


    Il a quand même fallut insister un peu pour pouvoir rentrer dans la cale malade. Ils avaient raison de nous empêcher d'y aller parce que nous avons pu constater que la cale P6, celle de ceux qui ne sont pas encore jugés, avait était déclarée cale malade et que les plus gravement atteints avaient remplacé ceux de la cale malade qui avait disparus dans la semaine.

    Finalement comme il restait de la place dans la P6 ils y ont mis d'autres malades des autres cales, la cale tuberculose par exemple.

    L'avantage de ce mixe c'est que ça accélère le processus. Normalement chaque cale à sa propre maladie de peau ou pulmonaire. Par exemple dans la cale malade il y avait la teigne et dans la P6 la gale. En mélangeant les trois cales dans un mois ils auront tous la gale, la teigne et la tuberculose. C'est ingénieux, il fallait y penser.


    Après la prison nous avons rejoint mes co-missionnaires pour la saint Nicolas. Nous avons chanté des chants de Noël. Ca nous a quand même fait beaucoup de bien ces chants de Noël. Ca nous a rappelé la maison, la famille, la solitude, un vrai bonheur. Mais ça nous a aussi rappelé que nous étions comme une famille aussi et que nous pouvions compter les uns sur les autres.


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    Vendredi après le travail nous sommes allées au marché central. C'est une tradition tout les coopérants portent le même pagne pour Noël. J'ai bien essayée de leur dire que toutes les traditions n'étaient pas bonnes, mes co-missionnaires n'en n'ont pas démordu, il faut respectée la tradition et tous porter le même pagne pour Noël.


    Nous voici donc parties, les trois filles à la recherche du pagne idéal. Nous avons passé trois heures au marché sans succès. Pour entrer nous avons pris le premier taxi venu et parce que nous étions fatiguées nous avons décidées de ne pas prendre un taxi collectif. Pour la première fois depuis mon arrivée nous avons accepté de payer un supplément parce que nous étions en retard pour la répétition de la chorale. En plus pour une fois, nous voulions être à l'aise.


    Bon, comme le dossier du taxi était défoncé, Anne à dû se coller à moi pour ne pas tomber en arrière. Pour la place et le confort c'était raté. Au milieu d'un carrefour le chauffeur est descendu sans rien dire et a ouvert le capot du moteur. Le nez dans le capot il a lancé quelques jurons et puis plus rien.


    Après quelques minutes il a refermé le capot. Comme il ne se fermait pas correctement il y a mis des grands coups de pieds. C'est très efficace comme technique mais pas sûr que le capot s'ouvre encore un jour.

    Après un kilomètre il nous a annoncé qu'il devait faire le plein. Pour la rapidité c'était raté aussi, dommage. Arrivé à la station service au lieu de s'arrêté devant la pompe il a continué pour se mettre sur le bord. Il a de nouveau ouvert le capot, une chance, et il en a sortie un bidon d'huile.

    Il m'a fallut quelques minutes pour comprendre. En fait sur cette voiture il n'y avait pas de réservoir d'essence. Au plutôt il avait été remplacé par un vieux bidon d'huile de 5litres. De là où j'étais je pouvais distinctement voir le système. Nous avons étaient prise d'un fou rire en constatant que finalement, le confort et la rapidité ce n'était pas nos principaux problèmes, le plus important c'était que la voiture n'explose pas en route.


    Finalement, nous sommes repartis et nous somme arrivé devant le séminaire. Il a ralentit. « Descendez vite, il n'y a pas de freins ».


    Et dire que j'ai risqué ma vie, pour que nous puissions tous porter le même pagne, alors que je suis opposée à cette idée. C'est trop injuste


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    Quand je suis rentrée en salle de soin, je l'ai reconnue. Je l'aurai reconnue entre mille, je l'ai reconnue à l'odeur.


    Une odeur pestilentielle avait envahie la salle de soin. Au milieu des pagnes et des compresses sales j'ai vu deux billes noires qui me fixaient. La tête enrubannée comme un cadeau de Noël, ça ne pouvait être qu'elle, la petite fille sans oreilles.

    L'hôpital l'avait renvoyée chez elle parce que les parents ne pouvaient pas payer. Désespéré, le père l'avait amené chez nous et il avait bien fait. Malgré le protocole national nous ne l'avons pas référée à l'hôpital et nous l'avons soignée au dispensaire. C'est une faute, nous l'avons commise en pleine conscience, mais nous voulions que cette petite fille meure dans la dignité.

    Ana, le médecin chef m'a demandé si ça ne me gênait pas de l'assister. « Tu tiendras le coup ». Bien sûr que j'allais tenir le coup, c'est la révolte contre le système qui me faisait tenir le coup. Nous avons soigneusement déballé la poupée et panser ses plaies. La seconde oreille avait disparue depuis la dernière fois. Ce ne fut qu'un constat. En finissant le pansement Ana m'a dit : « Nous ne faisons que du soin palliatif. Elle ne survivra pas, juste du soin palliatif ». Nous avons pris toutes les précautions et nous l'avons traitée comme une reine, le bien le plus précieux.

    Sa mère a reçue aussi des soins parce que des abcès aux seins l'empêchaient d'allaiter. A tout moment son père était aux petits soins pour la petite et pour la maman. Une attitude suffisamment rare pour que l'on puisse la remarquer et lui tirer notre chapeau. Ici la vie des femmes et des petites filles, n'a pas beaucoup de valeur.


    Nous avons fini par connaître la véritable histoire de la petite fille sans oreilles. Au huitième jour, les enfants sont baptisés, ils sont rasés et reçoivent leur prénom. Souvent le rasage abrase le derme et fait apparaître de petits boutons sur le crâne des enfants. C'est de l'un de ces boutons dont est partit l'infection de la petite fille. Comme je vous l'ai déjà dit, arrivée chez nous malnutrie elle avait été référée à l'hôpital. L'hôpital n'a pas pris ou mal en compte l'infection qui s'est propagée à l'ensemble du crâne et aux oreilles. En fait, les oreilles ont pourries à cause de l'infection. Le médecin tradition ne les avaient pas coupées, il avait juste essayé d'enrayer l'infection.


    Samedi, Ana est allée dans sa famille pour lui refaire son pansement. « Tu demandera son prénom, ça me gêne de l'appeler la petite fille sans oreilles » lui avais-je demandée en partant.


    A son retour, Ana était rayonnante. L'infection avait très largement reculée. Les seins de la mère allaient suffisamment bien pour que le jumeau de la petite fille puisse téter. La mère avait aussi pu tirer son lait pour la nourrir. Elle avait avalé son biberon d'une seule traite. Une affamée.

    Nous nous sommes congratulée mutuellement, et oui, finalement il suffit de soigner les enfants pour qu'ils guérissent


    Ah, oui j'oubliais m'a dit Ana, elle s'appelle Fanta


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