• Centaines personnes ont un sens inné de ce qu'il faut faire et à quel moment le faire. Certaines personnes savent se protéger en cas de danger imminent. Il faut bien avouer que ma collègue autrichienne n'est pourvue ni de la première qualité ni de la seconde.

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    Elle est bien sympathique la responsable de la maternité, elle chantonne toujours en regardant le ciel. En temps normal, je trouve que c'est plutôt une qualité mais depuis hier, je dois bien avouer que ça me sort par les yeux...

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    Vous vous souvenez, c'est elle qui s'était retrouvé sous les jets de pierres des émeutiers lundi matin. Et bien il faut croire que ça ne lui a pas suffit, elle en redemande la bougresse...

    Une explication s'impose : Je rappelle que lorsqu'il y a des manifestations ici, ce n'est pas un simple défilé sur la canebière qui se finit en terrasse sur le vieux port. Non, non, pas du tout, ici, les manifestations, sont des émeutes, les manifestant sont armés et l'armée tire dans la foule, il y a des pillages et des morts. Ca fait deux jours que ça dur et deux nuits que je ne dors pas à cause du crépitement des armes. Bref, en cas d'émeute les consignes sont excessivement strictes. Nous devons faire des stocks de nourriture, d'eau, d'essence et de cartes de téléphone, nous ne sortons que pour aller au dispensaire où nous restons enfermés. Le matin, lorsque les émeutiers dorment encore,  nous prenons l'autoroute pour aller au dispensaire, ça nous permet de prendre la température (nombre de voitures et de personnes dans la rue, commerces ouverts), nous évaluons le danger. Après le dispensaire nous passons par une piste qui contourne l'autoroute pour rentrer chez nous. Et nous ne bougeons plus !!

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    Hier donc, au moment de rentrer à la maison, nous avons découvert que notre aventurière transalpine était au marché pour acheter des ananas. Quelle bonne idée !!! C'est vrai, on néglige trop souvent l'intérêt de faire son marché pendant des émeutes.

    Nous l'avons donc retrouvée sur le marché qui borde l'autoroute, à l'endroit même où il y avait eu des tirs la veille. Comme tout paraissait calme nous avons décidé de rentrer par l'autoroute. Chemin faisant nous avons croisé un marchand d'œuf très bien approvisionné. « Il faut que je m'arrête acheter des œufs » Signale t elle. Et nous voilà sur le bord de la route pour continuer nos emplettes. Quelques minutes plus tard alors que nous allions enfin rentrer à la maison, nous avons vu débouler deux 4X4 bondés de militaires en armes qui se sont engouffrés dans le marché. C'est à cet instant précis que la tyrolienne à choisit pour redescendre du pick-up pour aller acheter du lait :

    -Qu'est-ce que tu fais, il faut qu'on parte, maintenant !

    -Je n'ai plus de lait pour le petit déjeuner de demain.

    -C'est trop dangereux, reviens....

    Trop tard, elle avait disparu et nous l'avons attendu dix longues minutes. Dans la voiture l'ambiance tournait à l'hystérie et si nous n'avions pas été civilisé nous aurions pu l'abandonner ou pire, la lapider pour avoir mis nos vies en danger.

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    Finalement, nous sommes bien rentré à la maison mais le soir, ma nouvelle amie de l'ambassade m'a appelée parce qu'elle était inquiète depuis quelle savait que des coups de feux avait était tir sur le marché à côté de chez moi et qu'il y avait eu un mort. J'ai fait l'étonnée et je me suis retenue de lui dire que nous faisions le marché, à cet endroit précisément, juste avant l'échauffourée.

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    La bienséance devrait nous permettre de frapper, très fort, certaines personnes lorsqu'elles mettent la vie d'autrui en danger.


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  • Tous les matins depuis un certain milliard d'années, le soleil se lève sur la terre.

    Tous les matins depuis un certain million d'années l'homme se lève en se disant : « Et encore une journée ordinaire qui commence ».

    Ce matin n'a pas dérogé à la règle, je me suis levée en pensant à la banalité de la journée qui m'attendait. Vous noterez au passage que de vivre dans l'un de dix pays les plus pauvre du monde à quelques 5000 kilomètres de chez moi et travailler dans un dispensaire constitue, à présent, une banalité affligeante. Passons.

    Ce matin donc je me préparais à vivre une journée bien ordinaire...

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    Comme tous les matins le gardien était allé chercher du pain frais au marché, à son retour il m'a dit que des tirs avaient était entendus dans les quartiers populaires à l'ouest. J'en profite pour vous annoncer que cette nouvelle constitue elle aussi une banalité affligeante, c'est un peu comme annoncer une nuit bleue en Corse.

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    Ce n'est qu'à l'arrivée de la nounou des belges que nous avons pris conscience de la situation. Maryam (La nounou) avait croisé la responsable de la maternité (une autrichienne) qui accompagnait ses enfants au lycée français, elle avait croisé le médecin précisément dans le quartier qui s'était agité pendant la nuit, elle lui avait fait signe de ne pas continuer et de rentrer mais notre brave médecin ne l'avait pas vue et avait traversé le quartier sans s'inquiéter.

    Elle est sympas la responsable de la maternité mais comme elle passe ses journées à chanter d'un air guilleret parfois elle passe à coté de l'essentiel. Elle nous a avoué plus tard qu'elle avait bien remarqué les tas d'ordures en flamme et les militaires armés à tous les carrefours mais que ça ne l'avait par inquiété plus que ça. Elle doute de rien ! Elle a quand même commencé à s'inquiéter quand elle est arrivée devant un barrage dressé par des émeutiers. Elle a finit de prendre conscience de la situation quand ils lui ont caillassé sa voiture. Ils ont dût leur salut à l'école des sœurs de Saint Joseph qui les ont accueillit pour la journée.

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    Loin de là, ma journée suivait son cours, j'avais mon inventaire mensuel à faire et ce n'était une partie de plaisir. Enfermée dans l'arrière pharmacie je dois bien avouer que je n'avais pas vraiment conscience, moi non plus, de la situation. C'est les coups de feux derrière la clôture du dispensaire qui m'ont tiré de ma tâche.

    J'ai demandé au gardien de fermer les grilles et de ne laisser entrer personne.

    « Vous avez peur, madame ? »

    « Non, j'ai pas peur, je veux juste rester en vie » Il m'a prise pour qui.

    En fait, j'avais quand même un peu peur, j'ai d'ailleurs laissé un message sur le répondeur de ma mère pour lui dire qu'il y avait une émeute, que j'avais peur mais qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète. Ma prochaine mission : la diplomatie !!!!

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    Dans la cour, pendant que je sécurisais les accès j'ai croisé ma colocataire qui voulais que je fasse une photo d'un prématuré de 1,400Kg qui venait de naître à la maternité.

    Quand je suis rentré dans la salle de travail, il y avait encore deux femmes en plein travail. La sage femme m'a dit : « Va mettre tes gants, le bébé arrive ». J'ai tourné la tête pour dire à Anna que je rester assister au deuxième accouchement, quand j'ai regardé de nouveau la tête était là. Le temps que je trouve une paire de gant, le bébé était né et le cordon coupé.

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    Je n'ai même pas eu le temps de me poser des questions existentielles : Suis capable d'assister à un accouchement sans tourner de l'œil, est-ce que ça va ma traumatiser pour mes accouchements futur, la pudeur, la légitimité de ma présence pendant un moment aussi intime, bref toutes les questions que j'ai le temps de me poser en France. Ici, de toute façon on à pas le temps de se poser des questions.

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    Je ne peux même pas vous dire ce que j'ai ressentie, je n'ai pas eu le temps de ressentir quoique ce soit. C'était un peu comme à la télé.

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    Après ça, nous sommes rentré à la maison par une route sûre qui passe juste à coté de la maison. Nous somme rentré juste à temps pour voir le fils du propriétaire hisser les couleurs.

    Le propriétaire est consul honoraire de Slovaquie et notre maison est en fait l'annexe du consulat de Slovaquie. Quand l'ambiance est tendue, le propriétaire hisse le drapeau Slovaque dans notre jardin pour protéger le bâtiment.  C'est vraiment la classe, et ça nous a donné des idées. On va hisser nos drapeaux nationaux à tour de rôle.

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    En fin de journée, j'ai eu ma mère au téléphone, elle était morte de trouille. Pardon maman, la prochaine fois j'appellerais mon père qui ne s'était pas du tout inquiété, vivre en Corse depuis 60 ans ça aide à relativiser.

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    Je crois qu'objectivement, on peut dire que ce n'était pas une journée ordinaire.

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    PS : Pouvez vous me faire passer un drapeau français et un drapeau corse


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  • Pour parer à toute éventualité de manifestations, de grèves ou d'émeutes, de me remettre à l'entraînement afin de pouvoir fuir les jambes à mon cou le cas échéant.

    Je précise que la maison est à 2Km à vole d'oiseaux des pistes de l'aéroport. Ca ne me gêne pas parce que le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas Roissy. Il y a un avion d'Air France trois fois par semaine et un avion d'Air Sénégal tous les trois jours. Je trouve ça plutôt pratique parce que je voit la queue tricolore de l'avion passer, depuis mon lit et que ça me rappel <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la France.">la France.</st1:PersonName>

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    Bref, lorsque je me suis aperçue qu'à l'évidence je ne pouvais faire confiance à personne, j'ai décider que la seule personne sur laquelle je pouvais compter en cas de problème s'était moi mais qu'il fallait que je me bouge. J'ai donc chaussé mes baskets et je suis partie en courant à la recherche d'un chemin pour arriver sur les pistes. J'envisage de répéter l'exercice deux fois par semaine pour améliorer mon temps. Dès demain j'achèterais des pinces monseigneur parce que depuis deux mois ils ont enfin grillagé les abords de la piste principale.

    Il faut dire qu'en juin dernier les miliaires et les policiers avaient décidé de se tirer dessus sur la piste de l'aéroport au moment où l'avion d'Air France voulait atterrir. Ils n'ont vraiment pas le sens pratique.

    Le problème c'est que maintenant il faudra que j'emmène une pince dans mon sac à dos d'urgence.

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    Je croyais que je ne pouvais faire confiance à personne dans ce pays et tout à l'heure en chaussant mes baskets j'ai retrouvé une vieille amie. Les pas cadencés, le souffle court, les muscles tendus, et la transpiration brûlante sur la peau, je me suis retrouvée. La casquette du CAP, mon club de course à pied visé sur la tête pour que l'on ne voie pas mes yeux, le regard baissé pour éviter les pierres et les détritus, j'ai retrouvé mes sensations. La tension du corps et la sensation d'être libre. Chercher un itinéraire, je tourne à gauche, je tourne à droite, je sourit au enfant qui cris « Fauté », je ralentit dans la côte, je cherche l'ombre, la moindre ombre, je me fond dans le décor. Je suis bien...

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    Je suis contente d'avoir choisit la course à pied, plutôt que la natation synchronisée, c'est bien plus facile à mettre en œuvre. Je suis contente d'avoir emmené mes chères baskets.

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    J'ai finit la séance par quelques abdos et le soir ma colocataire est venue me chercher pour aller dans un restaurant avec piscine. Après quelques longueurs, j'avais oublié la confiance mais j'avais retrouvé la confiance en moi.


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  • Un mini drame secoue notre petite communauté. Quand je dis un mini drame, c'est pace qu'il ne me touche pas particulièrement, mais en réalité il fait grand bruit. C'est sheakspeare avec un épisode par jour.

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    Acte I : La nounou des belges est soupçonnée d'avoir volé un stylo bic. Mais son seigneur et maître, son employeur lui a pardonné parce que c'est un bon chrétien.

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    Acte II : Un pain de glace (C'est truck bleus que vous mettez dans les glacières et que nous on met dans notre frigo pour maintenir un semblant de température quand il n'y a pas de courant) a disparu du frigo. Moi, je n'avais même pas pris la peine de les compter. Bref, il en manquait un. La discussion a duré toute la soirée. Heureusement, le lendemain on a retrouvé le dit pain de glace caché derrière une bouteille d'eau.

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    Acte III : Un ventilateur laissé négligemment dans le jardin a disparu, il a fallut deux jours à ma colocataire pour le retrouvé bien a l'abris dans une annexe de la maison. Pourtant, je lui avais bien dit de demandé au gardien, parce qu'il  l'avait certainement rangé pour le protéger.

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    Acte IV : La fille des belges à une marque rouge derrière l'oreille, la nounou n'a pas d'explication et en plus quand les parents sont rentrés ce soir là la méchante nounou ne leur a pas dit que la petite n'avait pas finit son assiette de pâte à midi. Après une journée tendue où il a été question de licenciement parce que la confiance était rompue, finalement la nounou n'a pas été remerciée.

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    Je résume quand même la situation, en fait il ne s'est rien passé mis a part la disparition d'un bic et une petite fille de deux ans et demi qui n'a pas mangé à midi et qui a une marque derrière l'oreille et dont la nounou n'a pas voulu admettre son impuissance. Bref pas de quoi fouetter un gecko (Ici, il n'y a pas de chats). Depuis, c'est un peu l'enfer, tout le monde pleur parce qu'ils ne peuvent avoir confiance en personne. Même ma colocataire a pleuré l'autre soir parce qu'elle découvrait la noirceur des gens et que ça lui était insupportable.

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    Moi, je ne les comprends pas très bien, j'ai l'impression qu'ils vivent au pays des bisounours. Dans un pays aussi misérable, bien sûr que l'on ne peut faire confiance à personne. En période de rentrée scolaire, la disparition d'un bic, ça me semble plutôt normal et qu'une nounou cache ses insuffisances pour garder sa place, je trouve ça plutôt logique même si je n'approuve pas.

    Personnellement j'ai beaucoup de mal à avoir confiance. Faire confiance à quelqu'un requière une bonne décennie (non, je rigole) mais les personne en qui j'ai confiance sont rares. Je peux connaître des personnes depuis des dizaines d'année et ne pas avoir confiance en elles et inversement ne connaître des personnes seulement depuis quelques mois et commencer à avoir confiance en elles.

    Mes critères sont fermes : Est-ce que je mettrais ma vie entre les mains de cette personne. Est-ce que je lui suffisamment confiance pour me reposer sur lui ou sur elle en cas de danger.

    Bon, il y a évidemment des intermédiaires, mais pour moi la vraie confiance c'est ça.

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    J'ai donc passé une semaine à me demander si dans ce pays je pouvais faire confiance à quelqu'un selon mes propres critères.

    La providence m'accompagnant toujours dans mes recherches existentielles, je suis tombée malade. La vraie maladie, avec de la fièvre et tout le tremblement. Vendredi, j'étais vraiment mal et j'ai été étonnée de constater que les trois médecins avec lesquels je travail et vis ne ce soient pas plus inquiété que ça. Ma colocataire est passée me voir vers 20 heure mais pas plus. Je rappelle qu'elle est médecin chef. Heureusement que Sylvie, mon amie en France,  m'avait obligé à prendre une pharmacie de secours et que son amie médecin m'avait prescrit des médicament simples et très efficaces. Vive l'automédication.

    Le samedi de la toussaint, à la messe, je me suis sentie mal. Il n'y a que le prêtre qui s'en soit inquiété après la messe et qui m'ait fait assoire à l'ombre.

    Cette nuit j'étais vraiment mal, j'ai vraiment souffert et ce matin je n'ai trouvé personne dans la maison. Ils étaient tous partis à la messe et à la piscine pour la journée.

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    « J'AURAIS PU MOURIR LA BOUCHE OUVERTE ET PERSONNE NE S'EN APPERCU »

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    Vraiment on ne peut faire confiance à personne.

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    PS : Je m'excuse auprès de mes parents et à mes frères à qui j'ai dit que tout allait bien et que les médecins s'occupaient bien de moi. Je ne voulais pas vous inquiéter.

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  • Il arrive toujours un moment où l'écriture est plus difficile, un moment où les mots manquent. Au début tout est facile on décrit son quotidien, la beauté des paysages et la difficulté de la vie. Mais très vite les mots manques, les mots me manque pour décrire mon  angoisse de ne pas arriver jusqu'au bout. Mon inquiétude de ne pas être à la hauteur. Si petit à petit je faisais mon nid serais-je capable de vous expliquer à quels idéaux j'ai dût renoncer pour cela, à quels compromis intellectuels j'ai dût me rendre.

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    Car ici il n'y a pas d'alternative, l'alternative c'est pour les riches, ceux qui ont le choix, ici ça passe ou ça casse. Où j'accepte mon travail de fourmis inutile où je fais mon balluchon et je rentre chez moi. Mais comment accepter un travail de fourmis inutile devant une telle misère, une telle détresse. Du travail, j'en veux, je suis venue pour ça et je ne rechignerais pas à la tâche, mais je n'accepte pas inutilité. Je ne veux pas rester les bras balans devant la souffrance. Je veux pouvoir donner un coup de main moi aussi, je veux être utile...

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    Je veux, je veux, je veux,... Voilà bien une réaction de môme pourrie gâtée par la vie. « Je veux et j'exige ». « Je veux être utile, alors donnez moi des pauvres à aider ».

    Ca ne marche pas comme ça. J'ai fais don de moi, don de deux ans de ma vie. C'est deux années là ne m'appartiennent plus. Est-ce qu'elles seront utiles ou pas, je n'en sais rien, et peut-être ne le serais-je jamais. La seule chose que je sais c'est que pendant deux ans 160 000 malades prendront les médicaments que j'aurais commandés, réceptionnés, comptés, étiquetés, rangés et préparés.

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    Ce que je ne vous dit pas depuis quelques jours c'est que je ne suis pas cachée dans ma pharmacie toute la journée. Pour aller dans la salle de stockage je dois traverser la salle d'attente de la salle de soin. Je ne sais pas si je suis plus gênée par l'odeur que par la vue. L'odeur c'est l'odeur des bactéries, de la chaire brûlée et de la décomposition, la vue ce sont de petits enfants brûlés avec des plaies béantes. J'avais oublier les cris, parce qu'ici, pas d'anesthésiant, on travail à l'ancienne, les enfants serrent les dents.

    Le lundi, pour ravitailler la salle de soin je dois y entrer. C'est ma hantise, parce que tout ce que je veux ignorer pendant la semaine mais que j'imagine en passant dans la salle d'attente, tout ce que je veux ignorer, je le vois.

    Nous sommes samedi, les images de lundi dernier me hantent toujours.

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    Il arrive un moment où l'écriture est plus difficile parce que les mots ne suffisent plus


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