• On en a toutes rêvé, toutes sans exception. Même la moins romantique d'entre nous s'y est laissée prendre. Depuis le premier conte lu innocemment par notre mère  avant le passage du marchand de sable, nous en avons toutes rêvé. Nous l'avons fantasmé lorsque que pour notre huitième anniversaire notre père nous à dit : « Tu es une grande fille maintenant et nous allons t'acheté un vrai lit de grande fille. »

    Il était là au fond du magasin, à porté de main : Le lit à baldaquin !!!!

    « Mais non, il n'est pas pratique celui-ci, prends plutôt un lit gigogne pour recevoir tes amies »

    Bien sûr nous avions toutes une peste dans notre classe qui se vantait d'avoir un lit avec une grande tenture, un vrai lit de princesse.

    Alors nous avons rongé notre frein, patiemment, de lit gigogne en clic-clac d'étudiante, nous avons attendu notre premier salaire et notre premier vrai appartement pour nous installer et acheter nos propres meubles. Malheureusement, blanche neige ne doit pas parler suédois parce qu'il n'y a pas de lit à baldaquin chez Ikéa...

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    Souvent les rêves de petites s'émoussent et la lueur de bonheur et d'extase s'efface avec le temps et les souvenirs. Il y a bien quelques réminiscences lorsque avec Julot on achète notre premier lit d'Amour.

    « Oh ! Et celui là avec le baldaquin, il ne te plait pas ? »

    « Ca va pas non, ça fait trop fille. Ou alors sans le baldaquin. Si tu le veux sans baldaquin on le prend, d'ailleurs il est moins cher sans. »

    Julot, stupide animal !!! On ne marchande pas les rêves de petites filles.

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    Ce soir, je tiens à vous annoncer qu'à 28 ans, je dors enfin dans un lit à baldaquin. Bon, c'est un lit double avec une moustiquaire mais l'idée est là. Ce qui est dommage lorsque les rêves se réalisent c'est qu'ils ne sont jamais tels que nous aurions voulu. Ce soir je dors dans un lit à baldaquin mais je n'ai pas ma mère pour me raconter une histoire, je n'ai pas non plus de copine d'école à faire enrager et encore moins de Julot pour me dire que je suis sa princesse...


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  • Peut-être que ce que j'aime particulièrement ici c'est la facilité à passer du rire aux larmes. Samedi soir ça n'allait pas vraiment, nous avons donc décidé d'aller à la messe anticipé dans une paroisse tenue par un prêtre franco-italien, le père Roberto.

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    J'aime bien cette église parce que pour une raison que j'ignore ou pour de bêtes raisons esthétique et pratique, il n'y a pas de mur latéral. Cette particularité à un double intérêt : Il n'y fait pas trop chaud le dimanche matin lorsque l'église est bondée et le samedi soir on peut y admirer le couché de soleil sur l'océan.

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    Samedi soir, donc je suis allée admirer autant le couché de soleil que le sermon du père Roberto. A la fin de la messe le père Roberto m'a fait un cours accéléré sur ce que je pouvais attendre ou pas de mon séjour ici. Dix jours, mes illusions n'auront tenues que dix jours...

    La balade au bord de l'océan était belle mais les propos étaient graves.

    « Tu as vu ce que les hommes ont fait au fils de Dieu, que veux-tu qu'ils fassent à une pauvre petite blanche qui a quitté son pays pour venir ici »

    « Tu es venue vivre de pauvreté avec tes frères africains, ce n'est rien, ce n'est pas suffisant, maintenant il faut que tu accepte de te faire dépouiller comme le Christ s'est fait dépouillé de son manteau avant le supplice »

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    Sur ces belles paroles j'étais prête à rentrer chez moi, mais la chorale avait commencé les répétitions pour le lendemain. Quel spectacle, quel joie et quel bonheur : « oh mon papa, en toi je mets ma confiance » chantaient les choristes en tapant dans les mains. Notre petite église sans mur latéral n'avait rien à envier aux églises d'Harlem. Tout y était : Thomas, le chef de chœur exalté, Solange et Marie-Louise les solistes excessives et Bonne Année le pianiste virtuose.

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    En partant regonflée par le père Roberto et les chants nous avons salué tout le monde et lancé un amical : «  Bonne nuit, bonne année ! » au pianiste. Cette simple phrase nous à fait rire pendant toute la soirée et nous ferait encore rire si la charité chrétienne ne nous empêché pas de nous moquer du prénom de notre prochain...


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  •  

    Dernière le mur de la clôture de notre concession il y a un terrain vague qui sert de terrain de foot pour les gamins du quartier. J'aime bien les voir s'entraîner parce qu'il le font avec conviction, avec force et avec rage. Devenir footballeur professionnel est à peut près le seul rêve inaccessible pour ces enfants. Quand on connaît les chances qu'un enfant à devenir le prochain Zidane en France, alors qu'il à toujours mangé à sa faim, que la fédération française de foot à tout mis en œuvre pour le découvrir et qu'il n'est pas obligé de faire ses corvées avant d'aller s'entraîner, on imagine volontiers qu'aucun de des gamins de mon quartier foulera jamais la pelouse d'un vrai stade.


    En fait comme l'espoir fait vivre, je pense que le simple fait d'avoir de l'espoir permet à ses gamins de tenir. Ici le football est une véritable religion. A la tombée de la nuit après l'école et les corvées on voit des dizaines d'adolescents courir sur le terre-plein central de l'autoroute. Comme des vrais professionnels ils font leur échauffement, leurs pointes de vitesse et leurs étirements. Ici, le must de la chaussure de foot c'est la méduse, la méduse c'est cette espèce de chaussure en plastique horrible que certains parents mettent à leurs enfants pour aller à la plage. « C'est pratique et comme ça ils ne se blessent pas», en vérité, c'est moche et les enfants ont l'air ridicules. Mais ici, la méduse est un must parce qu'elle est pas chère et qu'elle à des crampons.


    Tous les terrains vagues sont transformés en terrain de foot, y compris les ronds-points.

    D'ailleurs, je ne suis pas sûr que l'ingénieur européen en charge du tracé de l'autoroute ait pu imaginer que son rond-point constituerait un stade idéal. Je doute aussi que l'artiste à l'origine du monument au centre du rond-point ait réellement voulu faire un gradin pour gamin des rues

    Le rond-point est suffisamment vaste pour accueillir les deux équipes et l'arbitre. Les mères des joueurs s'installent à moitié sur la chaussée pour encourager leur progéniture et le monument, une espèce de pyramide en hommage aux aztèques, sert de gradin pour les plus jeunes. Ici, le mobilier urbain est en prise directe avec les réalités de la population.


    Pour revenir à ce que je disais, derrière la clôture de notre concession, soit à 2,50 mètre de mon lit il y a un terrain vague. Ce soir à la place des gamins du quartier il y a un mariage. J'aime beaucoup ma nouvelle culture mais l'orchestre et les chanteurs folkloriques à plein volume depuis 4 heures, c'est un peu trop pour moi. Comme c'est un mariage ça fait 4 heures que je me dis que ça va durer toute la nuit et tout le week-end.

    Comme je suis déjà exténuée je me dis qu'il va me falloir un miracle...


    « Demande et tu recevras » j'ai demandé un miracle et je l'ai eu : La pluie. On m'avait dis : « tu verra : là-bas la pluie est un vrai soulagement ». Je ne savais pas à quel point....




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  • J'en connais qui vont me réciter trois paters et deux avés !

    Je trouve que le mensonge par omission n'est pas suffisamment puni par l'église catholique !

    Les responsables de la mission ont totalement oublié de me dire que la fille que je remplace a vécu véritablement l'enfer avec les personnes qui étaient sous ses ordres. Aujourd'hui c'est sous mes ordres que ces filles travaillent. C'est une sorte d'état dans l'état, mené par deux fortes têtes qui effrayent tout le monde. Moi, elles ne me faisaient pas peur parce que on ne m'avait pas vraiment prévenue.

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    « Tu verras, elles ne sont pas très faciles ». « Ca ne se passait très bien avec l'ancienne coopérante, il faut dire qu'elle avait mauvais caractère ». La vérité c'est que mes collaboratrices sont systématiquement en retard d'une demi heure trois quart d'heure, qu'elles discutent une heure de plus avant de se mettre à travailler et comme elles sont fatiguées à la fin de la journée, elles ne finissent pas leur boulot. Je ne parle pas du seul homme de l'équipe que je cherche en permanence et que j'ai menacer d'attacher à sa chaise si je devais lui courir après une fois de plus (il a de l'humour au moins), et d'une autre que j'ai trouvée en train de dormir par terre dans le laboratoire hier à l'heure de la sieste.

    Une bien belle équipe en définitive. (Message personnel aux filles du service des cartes annuelles : Les filles vous me manquez)

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    Bref, tout à l'heure j'ai eu l'outrecuidance de demander à la petite jeune de ne pas manger sa gamelle de riz au milieu des médicaments et de signaler que j'aimerais bien que le ménage soit fait le soir et pas le matin à 10h quand on est 4 dans la pièce.

    Malheureuse ! Je crois que la plus vieille m'a jeté un sort.

    Au plus fort de la dispute, une vraie dispute de charretières ou de poissonnières je me suis faite insultée et menacée d'être renvoyée chez moi.

    Je vous passe les détails mais en gros, soit je leur fout un paix royale pendant deux ans et ça ce passera moins mal, soit je leur fait encore une réflexion et elles me rendront la vie impossible jusqu'à ce que je rentre chez moi. J'ai bien compris que de toute façon ça se passerait mal parce qu'elles estimes que j'en ai déjà trop fait.

    A l'heure qu'il est je n'ai pas encore pris ma décision. Le problème c'est que l'une des filles avec qui je me suis disputé a du pouvoir, les responsable de mission en France lui font une confiance presque aveugle mais depuis deux ans elles est devenue incontrôlable. Les coopérants sur place s'en sont déjà plaints mais ils ont mis ça sur le dos de l'incompatibilité d'humeur.

    L'année dernière le médecin chef, ma colocataire, a faillit changer de mission pour le même genre de problème. D'ailleurs, elle s'est fait menacée de mort par mes nouvelles copines.

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    Dans quinze jours une délégation des responsables de l'ONG vient nous rendre visite. C'est une visite un peu redoutée par toute l'équipe parce que le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils ne sont pas vraiment très diplomates, ni très fins.

    Il faut dire que la communication n'est pas très facile, ils viennent nous expliquer pendant trois semaines comment nous devrions gérer nos problèmes, comment nous devrions relativiser, comment nous devrions être moins tendus et moins stresser. Je rappelle quand même à toutes fins utiles que nous avons lâché notre famille, nos amis, notre boulot et nos maisons confortables pour devenir les cadres du plus gros dispensaire du pays, que 1/3 des consultations médicales de la capitale se font chez nous et le tout avec un budget ridicule. Tous les jours nous jonglons avec les budgets pour sauver le maximum de vies avec un minimum de frais. Pour cela nous acceptons le salaire misérable de 193€ par mois et nous sommes logé dans un des quartiers les plus pauvres de la ville. Et pour le même tarif nous avons droit à un sermon sur la relativisation par des touristes qui vivent dans le XVIème

    Cette fois-ci, c'est hors de question. L'équipe en place qui à déjà subit une telle visite a décidé de se serrer les coudes. Le directeur nous a réunis et nous avons décidé d'être solidaires. S'ils pensent mieux faire que nous, avec aussi peu de moyen et aussi longtemps, ils n'ont qu'à venir, il reste encore deux chambre dans notre maison.

     

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  • Le premier avion pour la France

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    Je ne pense qu'à ça depuis hier : A quelle heure part le prochain avion pour la France. Comment pourrais-je attraper le prochain avion en bout de piste ? Je ne sais pas comment je vais tenir deux ans. Les forces me manques.

    Depuis deux jours je ne peux plus brancher mon portable, mon ordinateur et mon Ipod parce que une surtension a fait sauter notre stabilisateur et depuis hier soir a chaque fois que je touche un appareil branché ou un interrupteur, je prends le jus. Après quatre décharges électriques et un bras droit hors d'usage pour la soirée, je me suis mise à pleurer.

    La France avec ses normes électriques et ses gilets jaunes me manque.

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    En arrivant ce matin à l'ambassade de France je me suis sentit mieux en voyant notre bon vieux drapeau. Mais lorsque la secrétaire chargée de l'immatriculation m'a dit qu'il fallait que je prenne rendez-vous et qu'elle ne pouvait pas me recevoir, je me suis mise à pleurer. Dans ce petit territoire de France, je m'attendais m'installer dans le  salon réservé à l'accueil des expatriés et à ce que l'on me chante la marseillaise, mais il n'y a même pas de macarons et de champagne dans la salle d'attente.

    Devant ma détresse cette brave agent de l'état m'a fait entrer dans son bureau et s'est occupé de moi. Elle m'a raconté ses premiers mois d'expatrié et les difficultés de son mari à ce faire à la lenteur du pays, elle m'a prise sous son aile et nous sommes allé manger avec son mari dans un restaurant français.

    Son mari est électricien, il viendra donc vérifier notre installation dès samedi, pendant que je leur cuisinerais un bon petit poisson. Il sait où trouver des capitaines avec des œufs pour faire de la boutargue.

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    Je sens bien qu'il n'en faut pas beaucoup pour que je prenne le prochain avion pour la France mais chaque jour ici est une petite victoire. Je ne perd pas de vue ma mission, et c'est bien elle qui me fait tenir. Je pense au petit bébé qui venait de naître lorsque je suis rentrée l'autre jour à la maternité, je pense à cet enfant en pleine crise de palud aggravée que ses parents ont mis dans mes bras en disant docteur sauvez le, je pense aux orphelins tous habillés pareils et à Mimouna ma petite vendeuse d'œufs durs du marché forestier.

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    Je vais peut-être tenir deux ans, finalement...


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