• On ne perd pas les bonnes habitudes, aujourd'hui les pépés flingueurs m'ont appelée pour savoir si je voulais des fauteuils. « Pourquoi pas ! Quelle bonne idée ».

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    Je devais passer prendre les vaccins et le reste de la commande du service de dépistage des femmes enceintes à la pharmacie centrale donc c'était possible.

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    Pour ne pas m'énerver et pour que vous ne croyez pas que je dis toujours du mal des gens avec qui je suis censée travaillée, je ne vous dit pas que le Dr Dougo n'était pas allé chercher les vaccins depuis trois semaines et que la pharmacie centrale avait perdue ma commande. D'ailleurs je ne me suis même pas énervée, je suis restée zen, aussi zen qu'un bonze en cours de momification.

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    La voiture était donc vide pour retourner chez les pépés flingueurs. « Tu veux des fauteuils, tu veux des vieux vêtements, .... » Le pick-up encore une fois plein, je suis partie en promettant de venir les voir dans leur village du lot quand je rentrerai en mars. Promesse impossible à tenir parce que je veux passer Pâques en Corse, faire la fête à Montpellier et finir le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Ils n'y ont pas cru et moi non plus mais l'essentiel était de faire semblant. Je les aime vraiment bien ces braves gens.

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    Sur le retour le père Roberto m'a appelé.

    -Qu'est ce que tu fais Piou-piou ?

    -Piou-piou ? C'est nouveau ça ? La prison ne vous fait pas de bien, pas de bien du tout.

    -Tu n'y comprends rien, c'est affectueux

    -Non, c'est ridicule, je vous interdis de m'appeler Piou-piou. Je suis sur l'autoroute, je rentre à la maison.

    -Il faut que tu passes au presbytère tout de suite.

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    Un prêtre qui m'appelle pour que je passe au presbytère immédiatement, j'avoue que j'ai imaginé beaucoup de choses. Mais certainement pas qu'il allait m'offrir un bloc de foie gras que quelqu'un lui avait offert, qu'il projetait de le manger avec moi mais le carême débutant dans deux jours, il n'avait plus le temps de m'inviter à le manger et me l'offrait pour que je le mange le soir de mardi gras avec les filles.

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    J'ai tout essayé pour qu'il le mange avec nous. Le nonce apostolique, le secrétaire du nonce et Hélène seront chez nous pour l'occasion, il fallait qu'il soit là. Il avait déjà un autre dîner. Je lui ai proposé de mentir pour décommander l'autre dîner. « Vous dites que vous êtes invité par le nonce, ce qui n'est pas faux, que c'est un ordre du Vatican, un ordre direct du Saint Père ». Nous avons argumenté et contre argumenté, finalement je suis rentrée à la maison avec le foie gras. Avec Marie et Ana nous avons finalement pris la décision de le garder et de le manger avec lui à mi-carême. Mi-carême il parait que ce n'est pas carême.

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    J'avais totalement oublié cette histoire de carême. Je croyais que ma présence ici me dispensait de carême à vie mais visiblement ce n'est pas le cas. Se priver, ici, ce n'est pas très difficile mais c'est justement ça qui est dur. Le peu de plaisir qui nous reste, on aimerait bien le garder. Il va falloir que je renonce à la bière du jeudi soir parce que je suis sûr que le père, il fait son carême bien sagement.


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  • Le retour des pépés flingueurs, au dispensaire cette fois-ci. Ils sont arrivés avec une armée de journalistes pour faire des images du don de matériel. Comme nous sommes devenues des reines en matière de communication nous leur avons dégoté des images au poil.

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    Nous avons mis les fauteuils dans la maternité pour que les mères puissent allaiter dans de bonnes conditions mais le problème c'est qu'elles n'ont pas compris le concept. J'ai mis une mère dans un fauteuil et quand la caméra s'est mise à tourner je me suis penchée pour aider la mère à allaiter. Des images chocs.

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    J'aurais peut-être dû faire ça avec le journaliste de KTO. Je crois qu'il n'a pas fait un bon reportage parce que nos responsables ne nous en parlent pas. Alors nous évitons nous aussi le sujet, il faut dire qu'il n'était pas vraiment tombé au bon moment.

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    Pour revenir à mes chers retraités, après avoir fait un petit tour du propriétaire ils nous ont demandé si nous avions encore besoin de matériel. Ils nous proposaient entre autre des lits électriques et d'autres fauteuils.

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    Marie et moi avons traversé la ville pour rejoindre les pépés dans leur entrepôt. C'était une sorte de grande brocante, ils nous ont donné tout ce que nous regardions avec un peu trop d'insistance : chaises de bureau, jeux de plein air pour enfant, tabouret et bien sûr des lits électriques. Quand ils ont tout regroupé dans la cour Marie et moi, nous nous sommes regardées un brin gênées.

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    -Le problème c'est que ça ne rentre pas dans le pick-up.

    -C'est pas grave, on vous prêtera un camion.

    -Mais nous n'avons plus personne pour nous aider au dispensaire pour tout décharger.

    -Vous voulez de la main d'œuvre ? Les manœuvres resteront avec vous.

    -Bon dans ce cas.

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    Le déchargement s'est fini à 8h30, nous n'avions pas mangé depuis le petit déjeuner. Comme nous étions fatiguée, nous avons juste laissé les lits dans la cour.

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    Il faut quand même savoir qu'il n'y a qu'une saison sèche et une saison de pluie dans ce pays. Pendant la saison des pluies il ne fait que pleuvoir et pendant la saison sèche il fait sec à l'exception de la pluie de mangue. C'est une pluie, unique, au mois de mars qui fait mûrir les mangues. Il ne pleut qu'une nuit et normalement c'est en mars et pas mi-février. Pas de chance, c'était cette nuit là et les lits électriques étaient dehors.

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    J'espère qu'ils vont sécher et remarcher, ce serait dommage quand même.

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  • Dimanche chacun est allé à la messe de son côté. Chacun a ses petites préférences. Moi je suis restée au couvent c'était le moins difficile. Comme j'avais finit mon dernier roman d'amour j'ai cherché dans la bibliothèque d'Hélène de quoi m'occuper. Je suis tombée sur « Anne-Loraine, un dimanche dans le RER D ». Ca ne vous dit certainement rien mais Anne-Loraine était une amie d'Hélène qui a été assassinée l'année dernière. C'est suite à sa mort qu'Hélène a décidé de s'engager au service des autres.

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    C'est étrange mais lorsque l'on analyse nos motivations pour partir, nous avons tous une fêlure dans le cœur que nous guérissons en nous donnant aux autres.

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    Après la sieste nous sommes aller nous baigner. Ca nous a fait beaucoup de bien de nous rafraîchir alors que les températures commencent sérieusement à grimper et que la saison sèche bas son plein.


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  • Ce samedi ce sont les dix de l'école où bosse notre copine Hélène. Hélène est une coopérante comme nous et nous avons le même âge. Nous ne sommes pas partit avec la même ONG mais l'esprit est le même : Travail, pauvreté et service aux autres.

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    Ana était partie le jeudi, ce qui nous a permis Marie et moi de souffler un peu. En route pour le couvent de brousse d'Hélène nous avons dû recommencer à réciter des « Je vous salue Maire » pour ne pas être arrêtées à tous les barrages.

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    Après deux heures de route et une de piste nous sommes enfin arrivé au couvent. Une douche, un repas en silence, les dents et au lit. Comme deux gamines qui ne se voient que pendant les vacances Hélène et moi nous avons parlé jusqu'à une heure du matin avant de nous écrouler de fatigue au milieu d'une phrase. Nous nous sommes réveillées deux fois dans la nuit parce que mon matelas était trop étroit et que j'en suis tombé avec fracas.

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    Evidemment le lendemain nous n'étions fraîche ni l'une ni l'autre. Les deux autres filles n'étaient pas mieux. Il faut dire que leurs lits n'étaient pas confortables non plus. Arrivées à l'école nous nous sommes préparées à vivre une très longue journée. Nous avons trouvé des places à l'ombre et lunettes de soleil sur le nez nous avons terminé notre nuit. Quand l'évêque est enfin arrivé, avec une heur de retard, la messe a commencée. Heureusement que dans la liturgie catholique nous sommes obligées de nous lever et de nous assoire, ça nous maintenait éveillée. Malheureusement l'homélie africaine a ruinés tous nos efforts. Nous avons dormi comme des souches, la honte. Je crois que je me suis endormis après trois phrases quand j'ai compris qu'il faisait une pause de deux secondes entre chaque mot le temps de faire de grands gestes théâtraux. Je crois qu'il fallait prendre conscience de nos grands pêchés, nos très grands pêchés, nos lèpres....

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    Après la messe il y a eu un spectacle plutôt sympa des enfants de l'école nous nous sommes donc rapproché de la scène pour mieux voir. A 15H30 l'estomac dans les talons nous nous sommes enfin assis à table. Du riz gras. Le riz gras est un plat qui porte particulièrement bien son nom. C'est du riz, gras. Comme il était servit avec du coca nous avons refait un peu surface. Nous avons rejoint Hélène qui n'avait pas arrêté de gesticuler toute la journée. Elle dégoulinait de sueur mais elle était heureuse que la fête ce soit bien si passée.

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    Elle était fière de son école et je dois bien dire qu'il y a de quoi. Pour 45€ par an cette l'école de la sainte famille accueil tous les enfants des environs et leur donne une bonne éducation. Quand les parents n'ont pas les moyens ils sont parrainés par des parrains français ce qui permet donner accès à l'éducation aux plus pauvres.

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    Après cette journée difficile nous étions encore plus fatiguée qu'en arrivant pour nous reposer. Marie avait de la fièvre et Hélène et moi nous avons encore discuté jusqu'à une heure du matin.


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  • Dans mon ONG comme dans toutes les associations, il y a les bénévoles de bonne volonté, très dévoué mais qui ne connaissent pas la réalité du terrain et il y a ceux qui savent de quoi ils parlent.

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    Nos responsables de mission font partis de la première catégorie. Jeunes retraité ils ont toujours rêvé de faire ce que nous faisons sans jamais avoir pu le faire. Ils sont responsables de notre mission depuis trois ans et le moins que l'on puisse dire c'est que la communication ne passe pas très bien. L'ancien officier de marine et la prof d'anglais ont des manières à la fois très paternalistes et très autoritaire, ce qui a créé des malaises dans les moments de crise.

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    Il y a trois semaines sentant que la situation leur échappait le directeur adjoint est venu nous voir nous avons vidé notre sac sur la gestion de la crise de Noël. Personnellement, j'en voulais directement à l'ONG de ne pas nous avoir évacué plus tôt, de ne pas nous avoir évacué du tout d'ailleurs parce que nous l'avons fait par nos propres moyens.

    En fait, il est ressortit de nos entretiens avec le directeur adjoint, que l'ONG n'était pas au courant de notre situation. Alors que nos responsables s'étaient disputés avec trois d'entre nous et que nous demandions tous à être évacués, ils ont dit à la direction que « nous allions bien et que nous nous apprêtions à passer Noël ensemble ».

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    Après son retour à Paris, le directeur adjoint à remis les points sur les i et les barres sur les t parce que je crois qu'il n'a pas tellement apprécié que la réalité de la situation lui ait été cachée. En partant il nous a demander de passer par lui lorsque nous sentions que la communication ne passait plus avec l'amiral et la prof.

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    Cet après midi, j'ai eu un appel de la prof, Violaine. Depuis le retour du directeur adjoint, elle nous appelle deux fois par semaine alors qu'après Noël nous ne les avions pas eu au téléphone pendant plus d'un mois. Aujourd'hui elle sortait de réunion et elle voulait me faire part de ce qui avait été décidé.

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    -Bon, alors nous avons décidé que jusqu'à nouvel ordre, tu n'irais plus à la prison.

    -Et pour quelle raison ?

    -Tu comprends, c'est un endroit dangereux et ce n'est pas le moment parce que votre équipe est fragilisée.

    -Que c'est un endroit dangereux, je suis la première à le dire. J'y prends toujours un maximum de sécurités. Quand je vous ai dit que je n'irais pas sans le père Roberto, vous avez ri en disant qu'Anita y allait toute seule. Néanmoins j'ai refusé d'y aller seule sauf le jour de l'accident. Quand le directeur du dispensaire est tombé malade, je me suis moi-même interdite de retourner en prison sauf pour un pansement et c'est là que j'ai été blessée. J'avais pris cette décision il y a bien longtemps et sans vous, ce n'est pas maintenant que la situation s'est normalisé que vous allez m'interdire d'y aller.

    -Je te demande de ne plus y aller, c'est la décision qui a été prise. Je te signale que ta luxation

    à lourdement pesée sur ta mission.

    -Lourdement pesée sur ma mission, tu rigoles. Pas un seul jour, tu m'entends, je n'ai pas manqué un seul jour de boulot parce que j'avais mal ou que je n'avais pas dormi. Cette décision est absurde, elle intervient un mois trop tard. Ca fait un mois que je ne vais plus en prison et c'est justement maintenant que je dois y aller parce que le plan de nutrition commence que vous le l'interdisait, ça n'a pas de sens.

    -Ce n'est pas ta mission.

    -Justement, ce sont mes loisirs donc je ne devrais pas te demander ton avis.

    -....

    -C'est un ordre ?

    -Oui.

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    En sortant du dispensaire j'étais révoltée, contre eux et contre moi. Contre eux qui ne comprennent jamais rien, qui sont toujours à contre temps et qui nous prennent pour des enfants alors que nous nous débrouillons toutes seules pour soigner 400 personnes par jour.

    Contre moi parce que je n'imaginais pas qu'une telle décision me toucherait autant. Si l'ONG en réunion avait pris une telle décision c'est que j'avais dépassé mes propres limites sans m'en rendre compte, que j'était proche du born-out et que je ne l'avais pas vu. Ca voulait dire aussi que j'étais vraiment attachée à mon travail en prison et je n'aime pas m'attacher.

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    Sur la route un chauffeur de taxi a pillé devant nous et Marie lui est rentré dedans, il est sortit furieux et à frappé avec violence à ma fenêtre.

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    -Ah, tu vas nous emmerder toi aussi, dégage gros con. Je vous déteste tous, vous me sortez par les yeux. Ils ont raison les deux abrutis il faut que j'arrête. Dégage !!!!

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    Il est parti en s'excusant, Marie a redémarré et nous avons éclaté de rire. Il fallait que ma colère sorte. Maintenant, j'allais pouvoir demander des explications. J'ai appelé le directeur adjoint.

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    -Il parait que vous avez pris la décision de m'interdire d'aller en prison. Si tel est le cas je veux savoir pourquoi exactement mais je ne désobéirai pas.

    -Il n'a été pris aucune décision de ce genre, qui t'a dit ça ?

    -Violaine.

    -C'est absurde, pourquoi ?

    -A cause de l'accident, il y a un mois. Je te rappelle que j'étais allé voir le régisseur pour garantir ma sécurité, que j'avais décidé de faire une pause le temps de mon rétablissement et que j'avais déconseillé à quiconque d'y aller temps que nous serions autant fatiguée.

    -Je sais tous ça, c'est pour cela que je suis surpris.

    -Il parait que c'est un ordre de l'ONG.

    -Un ordre ?? On n'est pas à l'armée. Si tu déconnais complètement on aurait eu une discussion mais je trouve que tu gères ça de manière exemplaire.

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    Ca faisait du bien de l'entendre parler comme ça. Un moment j'ai douté de ma capacité de discernement. Le lendemain nous avons eu une nouvelle discussion avec le directeur adjoint et Violaine. J'ai demandé à ce qu'ils nous fassent confiance puisque nous étions les mieux placer pour comprendre les situations et d'ouvrir un vrai dialogue en cas de divergences. Elle a admis qu'elle avait mal évalué la situation, encore. Elle aussi admis que je m'entourait de toutes le précautions puisque j'étais accompagnée par « Saint Roberto ». Comme il n'y avait aucune raison que je ne retourne pas en prison elle a levé son interdiction. « Ca tombe bien parce que cette semaine je n'y vais pas, je pars en week-end avec les filles. »

    Elle a profité de cette conversation pour m'annoncer que le directeur et sa femme rentreraient vers le 15 mars et que j'irai me reposer en France après leur retour vers le 23 mars. Dommage, mon anniversaire c'est le 3 et celui de mon petit frère le 8, je serais encore ici.

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    Elle a au moins raison sur un chose mais elle n'en a pas conscience. Aller en prison c'est jouer sur le fil sur rasoir. Je suis obligée d'être sur mes gardes pour ne pas aller au-delà de mes forces. Je n'ai commis qu'une seule erreur et je la paye encore toutes les nuits. Et puis, c'est quand une bonne chose qu'elle s'inquiète pour nous même si elle le fait mal.

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